Les Grandes Affaires criminelles de Belgique

Cet ouvrage, qui compte 453 pages, présente et analyse 14 affaires criminelles qui, au fil des siècles, ont défrayé la chronique belge : 

L’affaire Sartorius : Comment un homme d’Église s’accusa d’un crime qu’il n’avait peut-être pas commis; Principauté de Liège, jugement du 27 février 1779

L’affaire Visart de Bocarmé : la nicotine comme arme du crime; Assises de Mons (27 mai — 14 juin 1851)

L’affaire Coucke et Goethals ; Assises de Mons 20-25 août 1860

L’affaire Peltzer ou « Le crime de la rue de la Loi » :  la mort mystérieuse d’un avocat ou quand l’amour fraternel vient au secours d’un amour interdit ; Assises du Brabant, 27 novembre 1882 – 22 décembre 1882

L’affaire Vandersmissen, le député qui a abattu son épouse ; Assises du Brabant, 31 mai 1886 - 2 juin 1886

Magonette et Géna, les mythiques brigands ardennais ; Assises de Liège, 10-14 avril 1821

L’Affaire Courtois : Un ripou dans les Marolles ; Assises de Bruxelles, 10 mars-27 mars 1897

Le crime de la rue des Hirondelles : Affaire non résolue, février 1906

L’affaire de la veuve Becker, une empoisonneuse hors pair ; Assises de Liège, 7 juin – 8 juillet 1938  

L’affaire Deschant : le meurtre d’un avocat sur fond de guerre et de passion ; Assises du Hainaut, 21 - 27 juin 1948

L’affaire du « Docteur Mitraillette » Célestin Rinchard ; Assises du Brabant, 19 novembre 1951 – 1er février 1952

La mort mystérieuse du petit Pierre Longpré ; Assises de Namur, 20 mai-9 juin 1964

Le meurtre de la champignonnière : l’horrible assassinat d’une lycéenne 1984 ; affaire non élucidée

Le dépeceur de Mons 1997, affaire non élucidée

Fiche

Visuel
Images
Année
2012
Édition
De Borée

Extrait

Avant-propos

L’affaire Dutroux à la fin des années 90, l’affaire Geneviève Lhermitte en 2007… Ces deux affaires criminelles, terribles et monstrueuses, sont sans doute parmi les plus terrifiantes qu’ait connues récemment la Belgique. Choquantes et révoltantes surtout parce qu’elles ont touché des enfants.

Mais, par le passé, bien d’autres de ces faits divers sanglants ont, en leur temps, défrayé la chronique et attiré quelquefois des journalistes venus du monde entier. Tant il est vrai que l’horreur et le sang attirent les foules, comme au temps où l’échafaud se dressait en place publique, quand la foule venait voir tomber les têtes comme on va au spectacle.

Une Cour d’assises, d’ailleurs, peut être comparée à une sorte de théâtre. Décor, costumes, textes parfois grandiloquents, jeux de manches et effets stylistiques, rebondissements, suspense, dénouement souvent dramatique… rien ne manque à ce spectacle qui s’étend sur plusieurs jours comme un feuilleton et dans lequel se joue la vie d’un homme (ou d’une femme). Ce n’est pas un hasard d’ailleurs si les feuilletons télévisés font la part belle aux affaires criminelles, depuis les débuts d’une enquête parfois complexe jusqu’au procès du coupable et, parfois, jusqu’à son exécution.

Le public se délecte de ces drames, à la télévision comme dans la réalité. Sans doute parce que ces victimes et ces assassins lui ressemblent. Ce meurtrier qui, dans un élan de passion violente, tue celle qu’il aime (ou celle qu’il a aimée), ce voleur devenu assassin, ce vengeur sauvage, ils sont de notre race. Qui d’entre nous ne pourrait basculer, dans certaines circonstances, du mauvais côté ? La meilleure preuve en est dans les affaires où c’est un notable, un individu honorable, respecté par tous, qui passe à l’acte. « Eux aussi » pensons-nous, vaguement rassurés de découvrir que le mal n’est pas cantonné à une seule catégorie d’individus.

Quand le meurtre est trop atroce, quand le monstre est trop loin de nous, c’est à la victime ou à ses proches que nous nous identifions. Cette jeune fille massacrée et violentée, c’est à notre propre enfant, à notre sœur, qu’elle ressemble. Cette mère de famille, cette épouse infidèle, ce mari gênant, ce sont nos voisins, nos amis, nos proches. « Cela aurait pu m’arriver » pensons-nous avec un délicieux frisson de terreur.

En effet, cela pourrait nous arriver. C’est cela qui m’a passionnée dans toutes ces affaires : leur charge d’humanité. Certes, suivre les méandres d’une enquête, chercher des pistes, se prendre pour Sherlock Holmes ou pour Hercule Poirot, c’est une sorte de jeu intellectuel qui a toujours fasciné. Mais découvrir derrière ces machinations parfois incroyablement complexes, comme dans l’affaire Peltzer, l’âme d’un homme ou d’une femme, y voir grandir l’amour, la peur, la haine et tous ces autres sentiments qui sont aussi les nôtres, voilà ce qui me paraît réellement intéressant dans ces faits divers d’exception. Stendhal et Flaubert, pour ne citer que ces deux-là, ne s’y sont pas trompés, qui ont puisé dans les gazettes la matière de leurs chefs-d’œuvre.

La romancière que je suis n’a pu s’empêcher de vibrer à ces histoires poignantes.

Un autre aspect rend ces faits divers particulièrement intéressants. En effet, ces affaires criminelles sont forcément insérées dans un moment de l’histoire, dans un contexte social et politique qui leur donne valeur de témoignages d’une mentalité, d’un mode de vie particuliers. Combien de femmes victimes ou meurtrières parce qu'elles ne correspondaient pas à ce que la société attendait d’elle, trop libres en un temps où l’épouse se devait d’être chaste et soumise… C’est le cas d’Alice Renaux qui en est morte, c’est celui de la femme que j’appelle « Annie Lemaan » qui, certainement, n’aurait pas été jugée aujourd’hui comme elle le fut en 1948.

Quelle était la Justice par le passé, comment a-t-elle évolué ? Quel était le statut d’un homme d’Église, quel était celui de la femme ? Autant de questions qui se posent autrement et reçoivent des réponses bien différentes au fil des siècles.

J’ai eu plaisir aussi à retrouver et à recréer la Belgique de jadis, et notamment le Bruxelles des temps anciens, un Bruxelles qui n’existe plus.

Dans une affaire au moins, j’ai modifié les patronymes des principaux protagonistes afin de ne pas nuire à certains d’entre eux qui sont encore en vie.

Dans cet ouvrage, j’ai donc voulu me promener à travers le temps, du onzième siècle à nos jours ou peu s’en faut. J’ai voulu exhumer quelques drames anciens qui ont eu jadis un très grand retentissement et sont plus ou moins oubliés aujourd’hui. Je n’ai pas souhaité, par contre, traiter les affaires récentes qui ont été très médiatisées, comme l’affaire Dutroux ou l’affaire Geneviève Lhermitte. Il m’a bien fallu opérer un choix. Et un choix, on le sait, est toujours subjectif…

Sans aller jusqu’à justifier les actes criminels qui ont rendu célèbres leurs auteurs ou leurs victimes, j’ai tenté de les comprendre. En mémoire sans doute d’un délinquant très ancien, meurtrier au moins une fois, condamné à mort puis gracié, dont nul ne sait quelle fut la fin de son histoire. Car on peut être mauvais garçon et grand poète… Rappelez-vous…[1]

Frères humains qui après nous vivez,
N'ayez les cœurs contre nous endurcis…

[1] François VILLON, La Ballade des pendus.