Lignes de fuite
Alain et Madeleine, meurtris par la vie, se rencontrent d’une manière bien étrange et décident de faire un but de chemin ensemble. Non loin d’eux, la jeune Delphine tente de se reconstruire aux côtés d’Ahmed qui depuis longtemps la suit de loin et la protège. Suzanne, dans son appartement tout proche, s’enfonce dans un abandon toujours plus profond…
Autant de destins brisés, autant de sursauts d’espoir, autant de fuites en avant. Autant de personnages qui se cherchent et se perdent sans se reconnaître, même si leurs chemins quelquefois se croisent. Autant de questions, toujours les mêmes, lancinantes. Les questions de la vie. L’amour est-il encore possible ? Peut-on échapper à la solitude ? Le désespoir gagne-t-il à tous les coups ?
Fiche
- Visuel
-
- Année
- 2010
- Édition
- Luce Wilquin
Extrait
Quand la lumière devient moins grise dans la chambre et que les voitures se font plus nombreuses sur l'autoroute, l'orage de nouveau s'éveille, crépitant jusqu'au bout de ses doigts devenus fous, jusqu'à la pointe de ses cheveux. Il voudrait n'être qu'une main gigantesque pour la toucher partout à la fois, pour tout connaître d'elle, intérieur et extérieur, pour l'embraser du même feu qui le dévore. Des lèvres, des doigts, de la langue, de toute sa peau il la touche, la palpe, roulant contre elle, sur elle, s'insinuant dans ses replis les plus secrets et les plus sombres, en gémissant toujours plus fort de douleur et de plaisir mêlés, incendié du désir de se fondre à elle, de disparaître, désir douloureux à force d'être ardent, bien plus profond, bien plus total que le simple désir sexuel. Il se trouve finalement en elle sans même l'avoir voulu, tremblant de la certitude de ne pas la trouver, même là, même ainsi, de ne rien éveiller, de ne rien atteindre d'essentiel ou de simplement vivant. Il bouge dans son ventre, les yeux clos, comme un nageur épuisé qui se laisse porter par la vague, sans savoir si elle est éveillée ou endormie encore, avec comme un cri sauvage de désespoir et de solitude qui cherche son chemin, qui grandit, palpite au plus chaud, au plus aigu de son corps et qui finit par fuser douloureusement, interminablement, et cela semble la mort tant c'est fort et triste et désespéré.