De l'utopie de la mort propre à la chaise électrique. L'affaire Kemmler"

Dans "L'Eve future", Villiers de l'Isle-Adam avait compris que la caractéristique de l'électricité est d'être duale, tour à tour vitale et mortelle, et que cette dualité est celle de l'âme humaine. Fritz Lang et Théa von Harbou s'en souviendront dans Metropolis: à l'image d'une sainte, le savant fou Rotwang crée un démon, une machine destructrice. Dès sa première victime humaine, l'assassin William Kemmler, la chaise électrique n'était possiblement rien d'autre: une machine de mort, stérile, exclusivement célibataire, dont la seule et unique fonction est de tuer. Variation cruelle sur les modalités terminales d'une existence déchue, l'utopie de l'exécution idéale ne se heurte pas qu'aux égarements inacceptables de sa pratique, elle retombe sur cet insoluble questionnement ontologique de la vie et de la mort dont Jankélévitch s'efforcera d'épuiser les formulations. Sur ce point, ni l'exécution de Kemmler, ni celles qui l'ont suivie, avilissantes pour ceux qui les ont infligées,ni celles affligeantes qui les suivront encore, quel que soit finalement le moyen utilisé, n'apportent rien.

Fiche

Année
1996
Édition
Duculot