... Le livreur de médicaments (fiévreux): Je ne comprends pas. C´est pourtant indiqué sur la voiture : Transport de médicaments. Urgent. On ne peut pas dire qu´on ne prévient pas les gens. Alors, pourquoi cette vieille dame a traversé brusquement devant moi? Brusquement n´est peut-être pas le bon mot vu son âge... mais toujours est-il que c´est très brusquement qu´elle est apparue dans mon champ de vision. A ce stade-là, je n´avais plus le choix, j´ai dû lui passer dessus. Vous vous rendez compte du choc que ça a été pour moi?... Pour elle aussi, oui, oui, fatalement. Si j´avais su... J´ai dû m´interrompre dans mon travail, faire un constat, et cette dame qui ne faisait rien pour m´aider... (Se reprenant) Excusez-moi. Evidemment, je suis bouleversé. Profondément bouleversé; je dirais même plus, traumatisé. Oui, traumatisé, c´est le mot... Vous ne pensez tout de même pas que je l´ai fait exprès? Vous croyez que je m´amuse à supprimer les vieillards? Et mes médicaments alors, je n´aurais plus qu´à les jeter ! (Se calmant avec peine) Non, franchement, je me demande si je me remettrai un jour de toute cette histoire. Je ne pouvais pas prévoir, n´est-ce pas, Monsieur? Je ne pouvais vraiment pas prévoir.... S´il fallait conduire en pensant que chaque piéton sur le bord d´un trottoir est susceptible de traverser la rue, on deviendrait tous fous... N´est-ce pas que j´ai raison? La vie serait invivable. Vous me comprenez, n´est-ce pas?... Mais dites quelque chose, bon Dieu! L´homme ( un peu égaré) : Oh oui, Monsieur.... comme je vous comprends...