La Troisième Marche

Un peintre propose à sa mère, en résidence gériatrique, de venir passer trois jours de vacances chez lui. Aurait-il appris qu´elle souffrait d´une maladie incurable? Agit-il par compassion? Ou est-ce l´occasion pour lui d´en savoir un peu plus long sur un secret de famille qu´elle cache jalousement? Il s'agit de l'adaptation de la nouvelle de Michel Lambert, "La Troisième marche", publiée aux éditions du Rocher, en 1999. La mise en espace de cette adaptation a été organisée en 2002 par le MET au Festival de Spa, sous la direction de Jasmina Douieb.

Fiche

Année
2002

Extrait

Prologue Le fils : Après coup... Après coup, je me suis bien demandé ce qui m´avait pris de déclencher cette espèce de course en avant. L´effet de la chaleur peut-être. La peinture me poissait les doigts, l´air était irrespirable sous le toit en tôle ondulé de mon atelier, l´odeur de white spirit m´asséchait la gorge, tout cela ne faisait qu´ajouter au malaise, à la nausée qui me prenait rien qu´à l´idée qu´un jour, il faudrait que je parle à ma mère, que je l´oblige à répondre à mes questions. C´était comme si je devais me faire violence à moi-même. Car les rapports s´étaient inversés. Elle dépendait e moi comme j´avais dépendu d´elle. C´est elle à présent qui me demandait la permission de sortir. La mère : Tu ne viens pas souvent me voir. Tu es bien le seul à venir me voir. Tu n´avais pas parlé la dernière fois de me prendre quelques jours chez toi? Acte I, scène 1 Clinique gériatrique. Chambre de la mère, qui est assise dans son fauteuil. Bruits de circulation au dehors. Le fils entre. La mère : Ah te voilà! Tu as pu t´arracher à ta peinture? Le fils : Comment vas-tu? La mère : Que veux-tu que je te dise? ... Comme d´habitude. Le fils : L´infirmière n´est pas encore passée? La mère : Elle vient le matin et le soir, tu sais bien. Entre les deux, je fais ma sieste. J´oublie ma jambe, j´oublie que j´espère une visite. Tu es gentil d´être venu. Le fils : C´est normal. La mère: Mmmm. Tout le monde ne vient pas... Le fils : Tiens? Tu as reçu des bonbons? La mère : Ca, c´est un cadeau du monsieur du deuxième. Je t´en ai déjà parlé, non? Le fils : Le trompettiste à la retraite? La mère : Un monsieur très gentil. Un peu rasoir aussi. Il a son âge. Prends-en un. Prends-les tous. Je ne sais qu´en faire. Des caramels! Tu imagines ce que ça peut coller au dentier, je veux dire, au palais... Le fils : Offre-les à un autre pensionnaire... La mère: J´aurais l´air de quoi! Le fils : Il pourra les offrir à son tour à la jolie ifirmière. Tu vois d´ici la scène! ...Et tu voudrais me faire croire que tu t´embêtes ici! La mère : Moque-toi de moi! Le fils : Tu n´as pas trop chaud derrière la vitre? La mère : J´étouffe tout simplement, je fonds, je me décompose... Le fils : Tu veux que j´ouvre la fenêtre? Ou que je déplace ton fauteuil? La mère : Rien du tout. J´ai l´habitude. Le fils : Comme tu voudras. La mère : J´aimerais bien sortir de ce cadre, Maxime. Juste une fois. Le fils : Mais tu as besoin de soins. La mère : Oh, je ne veux pas t´ennuyer. D´ailleurs, c´est déjà bien beau que tu viennes me voir de temps en temps. Le fils : Je peux bien m´interrompre entre deux toiles....Bon, il faut que je m´en aille maintenant. La mère : Déjà. Tu dois partir? Le fils : J´ai reçu une invitation pour un vernissage... La mère : C´est normal. Tu as ta vie. Tu ne peux pas passer la nuit avec moi, tout de même... Le fils : ...J´aimerais me changer. La mère : ...Tu laisses cela à mon trompettiste! Le fils : (Il rit très modérém