La Vénus de la vallée mosane
Est-ce je ne serais pas enceinte ?
Drôle de phrase, drôle de femme. Muet, j’observe son visage anguleux. Ève est une pierre laissée à l’état brut, aux pommettes et au sourcils puissants, un être dont la préciosité se révèle dans la façon d’être et de penser.
Ève découvre que ses trois aïeules directes sont mortes en couche. Le compte à rebours est enclenché. Soupçonnant une maladie portée par un gène d’origine néandertalienne, son mari et leur fils adoptif ont dix lunes pour sauver la femme et la maman de leur vie…
Enquête génético-paléolithique nous menant de Namur au Moyen-Orient en passant par les Balkans et la Dordogne, La Vénus de la vallée mosane interroge les origines et l’évolution de l’humanité.
Agrégé en mathématiques, Olivier Papleux est également corédacteur du Dictionnaire officiel du Scrabble©. Il se passionne depuis toujours pour les cycles de la vie, le génome humain et le passé préhistorique de sa région. La Vénus de la vallée mosane est son sixième roman.
Extrait
Incipit :
«Vues du dessus, toutes les personnes ont des grands pieds.» Ève m’a habitué à de telles sentences, futiles et saisissantes. Je me dirige vers la fenêtre de toit d’où elle observe les passants, détache mon regard de la cambrure de ses reins avant de constater qu’en effet, tous ces gens – même les jeunes enfants – semblent avoir de grands pieds. Ève est nue. Sitôt seule, ou flanquée de mon unique présence, elle aime se dévêtir et vaquer à ses occupations dans le plus simple appareil. Et moi, je frétille comme aux premiers jours! Hypersensible à la plastique féminine, je m’extasie de sa présumée perfection physique et du rapport souverain de ses proportions corporelles.
Et puis soudain, je me fige dans la peur qu’un jour, Ève ne frémisse plus de ma passion pour elle. Il pleuvine. Avant d’engager un nouveau chantier, mon patron a mis son entreprise de toitures au repos et ses ouvriers en congé. J’en profite pour travailler à la rédaction d’un essai ethnographique. Du haut de notre immeuble, ce petit monde aux grands panards a l’air de s’agiter avec anxiété. Ou bien est-ce moi? Leur entrain, leurs chagrins, mais aussi la pluie, la saison et nos avenirs, tout me touche, tout me bouleverse.