Jeudi
Fiche
- Année
- 2005
- Édition
- Maison des auteurs
Extrait
Les dépressifs sont chiants. Vraiment. J'ai beau me dire : « Isabelle soit indulgente, ces gens-là sont malades... » Rien n'y fait, ils m'énervent presque autant que les vestiges archéologiques reconstitués le long des autoroutes, ou qu’un mois de novembre ensoleillé, pour dire. C'est vrai quoi, merde, les déprimés sont terriblement agaçants avec leurs yeux larmoyants et leur vie au bord des lèvres. J'essaye de compatir évidemment, que faire d'autre ? Mais j'ai envie de les gifler, je les soupçonne même de se lover confortablement dans un désespoir et une amertume consommés. Leur fatigue m'épuise et leur lassitude me gonfle. Rien qu'autour de moi, personnellement, il y a déjà au moins six amis à qui je ne demande plus comment ils vont pour me préserver d'une avalanche de confidences, surtout que c'est rarement aussi franc. les dépressifs sont des pointillistes de la souffrance.