La chute des âmes
Fiche
- Édition
- Lansman
Extrait
Le père: Toi, tu as toujours été un enfant en colère. Contre la famille, contre la ville, contre toi, contre moi. Contre les rues étroites, les idées étroites. Et tu es devenu un manuel, comme les anciens batteurs de blé. Tu as fondé ta dynastie. Moi je sens lent et je fonds comme un sucre dans un liquide amer. Je n´ai pas eu l´apaisement qui vient après la colère. J´étais un résigné, j´étais Alfredo. Je n´ai pas haussé les épaules, je les ai baissées.
Le fils: C´est travailler la matière brute qui console de la blessure.
Le père: Je m´étais trop approché de la mort. Là où pousse le plus bel arbre. Sans le chant, le monde est devenu ce qu´il est. Pour le guérir, oui, il aurait fallu la matière. Pour moi, la matière, c´était mon chant, c´était mon souffle. Vous voyez bien que je ne guérirai pas: je ne peux pas, à mon âge, reprendre un nouveau souffle.