Pascale Tison

  • Spectacle vivant / Écrit / Son

La chute des âmes

Dans un atelier de lutherie, trois hommes se rencontrent: le luthier, son père, le client. Le jeune client a commandé un violoncelle au luthier qui est grand amateur d´opéra. Le père fut ténor mais a perdu sa voix dans un camp pendant la guerre 4O; devenu tailleur, il a transmis le virus de la musique à son fils sous la forme tactile de l´instrument et d´un amour immodéré pour les divas. Conversation à trois voix autour de la musique et ses pouvoirs, ses enchantements et ses brûlures.

Fiche

Édition
Lansman

Extrait

Le père: Toi, tu as toujours été un enfant en colère. Contre la famille, contre la ville, contre toi, contre moi. Contre les rues étroites, les idées étroites. Et tu es devenu un manuel, comme les anciens batteurs de blé. Tu as fondé ta dynastie. Moi je sens lent et je fonds comme un sucre dans un liquide amer. Je n´ai pas eu l´apaisement qui vient après la colère. J´étais un résigné, j´étais Alfredo. Je n´ai pas haussé les épaules, je les ai baissées.
Le fils: C´est travailler la matière brute qui console de la blessure.
Le père: Je m´étais trop approché de la mort. Là où pousse le plus bel arbre. Sans le chant, le monde est devenu ce qu´il est. Pour le guérir, oui, il aurait fallu la matière. Pour moi, la matière, c´était mon chant, c´était mon souffle. Vous voyez bien que je ne guérirai pas: je ne peux pas, à mon âge, reprendre un nouveau souffle.