Paul Emond

  • Écrit / Audiovisuel / Spectacle vivant

Moi, Jean-Joseph Charlier, dit Jambe de bois, héros de la révolution belge

Pendant les journées de septembre 1830 qui virent les Belges se révolter contre les Hollandais pour proclamer peu après l’indépendance de la Belgique, Charlier, un artilleur liégeois, qui avait perdu une jambe à la bataille de Waterloo dans l’armée française, prit la tête d’un détachement de volontaires de sa ville et vint combattre l’armée hollandaise à Bruxelles. Surnommé ' Jambe de bois ', il est resté une des figures les plus fameuses et les plus pittoresques de la révolution belge. Le monologue, qui fait fonctionner la rhétorique de l’épique, et souvent de façon volontairement excessive, est tenu par ce personnage relatant ses exploits quelques années plus tard, alors que c’est en vain qu’il essaie d’obtenir une pension du jeune Etat belge, lequel semble se montrer bien ingrat à son égard. On y apprend, entre autres choses, comment Charlier chassa, ' presque ' à lui seul, l’ensemble des troupes ennemies du Parc de Bruxelles, comment il devint la coqueluche des bourgeois de la ville, fut acclamé puis oublié, comment il échappa de justesse à un attentat que fomentait son pire ennemi, le général Mellinet, intrigant de la plus incompétente espèce. On y apprend aussi comment la Belgique d’alors était déjà traversée par ses délires régionalistes et sa folie bureaucratique, annonçant ainsi ce pays qui devient aujourd’hui aussi hypothétique que la Pologne d’Ubu... Souvent fanfaron et paranoïaque, drôle et pathétique à la fois, ce personnage historique est traité sur le mode de nombreux autres personnages de l’auteur, débitant sa logorrhée comme s’il y jouait toute son existence. Créé en 1994 au Rideau de Bruxelles, mise en scène de Jules-Henri Marchant.

Fiche

Année
1994