Le labyrinthe du seul

Murs, labyrinthe, mur de Berlin, ruines de la seconde guerre mondiale, solitude, gravats : le profil du nouveau livre de poèmes de Paul Mathieu respire les affres, les angoisses, la solitude d’une période qui a creusé les mémoires, foré les doutes.

En lisant, se lèvent des murs qu’on voudrait assignés à un autre usage mais la mémoire est plus vive, celle qui laisse traces. Les « chenilles » de la guerre grignotent les vergers, et même si le fameux mur est tombé, il reste d’autres murs, sous lui, d’autres contraintes.

Mathieu, dans le prolongement du « Chêne de Goethe », en sismographe, alerte le lecteur des dangers « a-t-on bien entendu », se souvient des « wagons surchargés de portes verrouillées ».

L’histoire est là, terrible, terrifiante, navrante, et l’être humain n’a rien vu  des précipices.

Et l’histoire est toujours près de recommencer avec sa litanie d’hécatombes.

De l’hippopotame de Berlin, enfoui dans la vase lors des bombardements de Berlin, à la « rose » qu’il faudrait – manière de Celan- faire rejaillir des ruines, le poète consigne, à sa façon, brillante et sobre, notre monde-labyrinthe, de « dissimulation », de « précipitation », plein des rumeurs de « la meute » sanglante.

On admire le travail précis d’historien, et surtout les mots, âpres, du poète, humaniste en diable.

Les illustrations de Gillet, toutes de couleurs, de sang, de figures futuristes, ajoutent à l’épaisseur du livre, grave, lucide, sur notre espèce, mal engagée, sinon dans un tunnel sans fin, dans « un labyrinthe » qui expose solitude et souffrance, qui exhibe le néant des sources.

Un très beau livre.

Fiche

Visuel
Année
2020
Édition
Traversées