Aux arts citoyens ! Avant d’être le livre que vous tenez entre les mains, Being Urban a été un laboratoire. Durant 60 jours, en mai et juin 2015, nous avons interrogé la place de l’art dans la ville. Nous avons parcouru physiquement et mentalement l’évolution des relations entre art, ville et politique, à Bruxelles, depuis 2000, afin de stimuler de nouvelles pratiques artistiques, urbaines et citoyennes. Au coeur des salles d’exposition de L'iselp, nous avons installé un parlement, cerveau du dedans pour parler des pratiques du dehors, creuset, incubateur, réceptacle d’heures de parole, de rencontres triangulaires, disponible pour l’occupation fortuite, circulaire, reliant des processus d’intégrations artistiques à différentes vitesses dans Bruxelles, des promenades critiques, des intentions et des actes. Being Urban a accompagné la réalisation d’oeuvres dans l’espace public, à propos desquelles vous lirez plus d’informations en pages 12-39. Being Urban, ce furent 60 jours de marathon pour tous ceux qui ont participé et que nous remercions pour leur présence, leur engagement, leur enthousiasme. Nous avons essayé de catalyser une vision plurielle, un état d’être au monde, à la ville, en 2015. Année violente et qui a rendu d’autant plus nécessaire un questionnement sur le « vivre ensemble ». En janvier, alors que nous menions les premières réunions de programmation, eut lieu à Paris l’attentat de Charlie Hebdo. La présence militaire accrue depuis lors a suscité l’affiche du laboratoire Being Urban. « Être urbain », définir une appartenance collective à la ville : un projet éternellement à construire semble-t-il. Puis, le 13 novembre, alors que prenaient place les réunions d’édition du présent recueil, ce furent les nouveaux attentats parisiens, au Bataclan, dans les rues et sur les terrasses de cafés-restaurants des 10e et 11e arrondissements. La tache de sang remonte jusqu’à Bruxelles, décrite comme base des terroristes. L’art que nous soutenons dans ce livre, est créateur d’espaces de liberté, activateur de liens humains, magiques, cathartiques, porteur de dissensus, d’interrogations, d’ouverture. Ces pratiques artistiques ont un rôle à jouer dans la rue, dans les quartiers, dans les écoles, dans tous les lieux publics des métropoles. Bref, partout où s’enracinent nos démons : l’ultra-libéralisme, la société de consommation, la technocratie, la perte de contact avec la nature, le cloisonnement des citadins, le « prêt-à-penser urbain ». Ce que les artistes nous révèlent, c’est la liberté qui est en chacun de nous. Ils ne disent pas que c’est facile. Ils disent juste que ça en vaut la peine. Nous devons la cultiver, transformer nos peurs, défricher un nouveau monde, une autre cité. Les textes que regroupe ce recueil ont été écrits suite au laboratoire. Ils partent de points de vue d’artistes, de responsables publics, d’experts, pour défricher des pistes d’actions concrètes à Bruxelles, alors qu’aucun programme cohérent pour l’art public n’existe dans la capitale. Puisse Being Urban apporter une pierre à cet édifice fragile.