Philippe Bailly

  • Écrit / Spectacle vivant / Multimedia

La papeterie

pour célébrer le 100ème anniversaire des papeteries de Genval

Écrite à l'occasion des cent ans des papeteries de Genval et dans le cadre de la rénovation prochaine du site, la pièce dure environ deux heures.

Dans la première moitié du 20ème siècle, des patrons papetiers essaient de développer leur entreprise. Mais les accidents sont monnaie courante et la protection des ouvriers est minimale. Syndicalisme, paternalisme, politique et religion ne font pas toujours bon ménage. Heureusement qu'il y a le "café du Tir à l'Arc" pour que les langues (et les amours) se délient...

Curieusement la pièce se fait l'écho de préoccupations actuelles : chemin de fer qui coupe le village, pollution de la rivière, pollution d'un talus, inondations, intégration des étrangers...

Sans dévoiler l'intrigue, disons que la bonne humeur brabançonne et le bon sens permettront de résoudre certains problèmes...

Fiche

Visuel
Images
Année
2008

Extrait

Scène A1

     Lieu : accueil – secrétariat.

     Personnages : Louisette, François, Léon, Hortense, édouard et le curé.

 

On entend des cris et des bruits de scie.

 Louisette : Mais François, il faut faire quelque chose, ils vont le tuer.

 François : Pas le tuer, ma petite Louisette, sois courageuse. Je t’ai expliqué qu’ils vont faire cela proprement.

 Louisette : Ho, je le sentais ! Je le savais. Je t’avais dit que ça allait arriver.

 François : Puisque je te dis qu’il ne va pas mourir.

 Louisette : Il ne méritait vraiment pas cela. Il était si gentil ! Non, pas lui.

 Les cris diminuent, remplacés par un long gémissement. Léon et Hortense entrent avec un membre dans un drap plein de sang.

 Louisette : Ha, Hortense ! Léon ! C’est… c’est tout ce qui reste ?

 Léon : Du bras, oui. Mais c’est un gars solide, il va s’en tirer.

 Cris.

 Louisette : Que lui fait-on encore ?

 Léon : C’est le docteur. Il faut désinfecter avant de recoudre… On a que de l’alcool…

 Louisette : Mon Dieu, quelle horreur ! Il a dit quelque chose ?

 Hortense : Pas un mot. Il est resté très calme. En fait, il est blanc comme un mort.

 Léon : Si tu voyais, il y a du sang partout.

 Hortense : Il part au dispensaire maintenant, il sera bien soigné. Monsieur a dit qu’il payerait les jours.

 Léon : Il est bien temps que Monsieur paye les jours ! Monsieur, lui, il a encore ses deux bras ! Dites, le bras, je le dépose dans le couloir ?

 François : Il vaudrait mieux un endroit frais…

 Louisette : Mets-le dans la cave de la chapelle.

 Hortense : Pas dans la cave ! Avec les rats…

 François : Tu as raison. Alors, portez-le chez lui. Tout compte fait, ça lui revient.

 Hortense : Chez lui ? Qu’est ce sa femme va dire ? Elle est déjà prévenue ?

 François : On a tout de suite envoyé le curé.

 Hortense : Léon, vas y toi. Moi, je ne pourrais pas.

 Léon : Un peu de sang et y a plus personne ! Bon, je vais jusque là.

 Hé, c’est plus lourd que je ne pensais !

 Hortense : Fais attention, ça coule.