Leonardo ou le souci de l'éphémère
Fiche
- Année
- 1987
Extrait
Caterina : Qu´est-ce qu´il a dit? L´écrivain : Je lui ai surtout parlé de l´histoire, je lui ai dit que la langue dans laquelle je l´écrirai n´était que la moyen pour la raconter. Lui m´a parlé de son amour pour l´écriture. Caterina : Je sais. L´écriture l´apaise, si vous saviez à quel point... Vous voulez toujours que je sois sa mère? L´écrivain : Oui. Caterina : Alors vous écrirez ceci : "Le 15 avril 1452, à Vinci, une femme dont on ne connaît presque rien lui donne le jour. Elle se nomme Caterina; il est le fils de l´amour et non du mariage. Je suis cette Caterina dont on ne sait presque rien et je suis morte avant les deux autres dont on sait qu´aucune n´est sa mère". Je suis morte. En silence. L´écrivain : Il m´a dit des choses très belles sur vous. Il voudrait que j´écrive qu´il vous aimée tout de suite. Caterina : Il ne s´en souviendra pas. L´écrivain : ... et que c´est en regardant longtemps votre visage qu´il a appris le jeu de la lumière sur la peau. Caterina : De cela non plus il ne se souviendra pas. L´écrivain : Vous, vous n´avez rien oublié? Caterina : Rien de ses couleurs en tout cas. L´écrivain : Pourtant vous êtes partie sans l´avoir vu peindre, non? Caterina : Bien sûr... mais je sais que vous écrirez autrement.