Rébecca Fruitman

  • Écrit / Son / Audiovisuel / Multimedia

Les macrales en Basse-Meuse (titre provisoire)

Figure à haute portée symbolique, mythique et historique à la fois, rebelle tout autant que victime du patriarcat, la sorcière a traversé les époques jusqu’à devenir une icône féministe.

On assiste à des vagues de persécutions tout au long de la Renaissance qui touchaient les veuves, les femmes célibataires et les femmes âgées, devenant inutiles au pouvoir patriarcal voir le défiant et échappant à son contrôle. Majoritairement martyrisées dans les campagnes, cette tyrannie constituait une manière de se débarrasser de celles qui ne se conformaient pas au modèle dominant. Accusées de tous les maux, on leur attribue notamment les mauvaises récoltes, les orages, les grêles, les épidémies. Brûlées vives, noyées, torturées..., ces supplices publics avaient un effet disciplinaire et dissuasif sur l’ensemble des femmes.

La Belgique s’est rendue complice d’un grand nombre de ces persécutions et exécutions. La tradition populaire entretient le mythe des macrales, ces sorcières wallonnes qui durant des siècles ont fait trembler les paysans de la Basse-Meuse, et continuent à être redoutées par certain·e·s villageois·e·s qui ne se lassent pas d’user de rituels superstitieux transmis de génération en génération. Aujourd’hui encore quelques discrètes macrales demeurant dans les campagnes wallonnes restent sollicitées pour leur talent de guérisseuse : soigner des verrues, couper le feu des brûlures, lire l’avenir dans les cartes, préparer des décoctions favorisant la fertilité...

De nombreuses fêtes et des traditions leurs sont toujours dédiées. Durant le carnaval d’Eben- Emael par exemple, la tradition veut que les sorcières noircissent le visage des personnes non déguisées. Tandis qu’à Oupeye, le jour du Sabbat, les sorcières chassent l’hiver à coups de balais avant qu’un épouvantail, vêtu d’un chapeau pointu et d’une cape noire, soit mis à feu sur un bûcher. Il n’est pas rare non plus de voir défiler des confréries de macrales lors des fêtes du 15 août en Outremeuse ou encore à Haccourt avec la Compagnie des Macrâles di Hacou.


Je souhaite mener la création d’un documentaire radiophonique sur les macrales afin de poser une réflexion sur la perception que nous portons aujourd’hui sur les légendes et anecdotes qu’elles suscitent. Placée sous le sceau du dialogue, cette quête sonore qui prendra la forme d’ateliers, de recherches et de rencontres s’appuiera sur la récolte de témoignages dans le but de faire revivre les récits (légendes familiales et/ou mythes, de superstition et de folklore, de réalité ou de fiction), d’en interroger l’essence même et de tenter de poser un regard contemporain sur ces figures - sans poser aucun jugement bien entendu.


La parole d’inconnu·e·s est centrale dans ce projet participatif qui s’adresse à tou·te·s. L’idée n’étant pas de mener une quête axée sur des vérités mais de laisser à chacun·e un espace d’expression. Les citoyen·ne·s sont les acteur·ice·s du projet qui n’existerait pas sans elleux.

Fiche

Visuel
Année
2025