Les macrales en Basse-Meuse (titre provisoire)
Figure à haute portée symbolique, mythique et historique à la fois, rebelle tout autant que victime du patriarcat, la sorcière a traversé les époques jusqu’à devenir une icône féministe. On assiste à des vagues de persécutions tout au long de la Renaissance qui touchaient essentiellement les veuves, les femmes célibataires et les femmes âgées, devenant inutiles au pouvoir patriarcal voire le défiant et échappant à son contrôle. Majoritairement martyrisées dans les campagnes, cette tyrannie constituait une manière de se débarrasser de celles qui ne se conformaient pas au modèle dominant. Accusées de tous les maux, on leur attribue notamment les mauvaises récoltes, les orages, les grêles ou encore les épidémies. Brûlées vives, noyées, torturées, ces supplices publics avaient pour vocation un effet disciplinaire et dissuasif sur les femmes.
Au XXème siècle, la culture populaire s’empare de ces personnages incarnant un sujet de folklore décliné à l’infini au sein d’expressions artistiques comme le cinéma, la peinture, la littérature ... jusqu’à en devenir l’une des figures des revendications féministes autour des années 60.
La Belgique s’est rendue complice d’un grand nombre de ces persécutions et exécutions. La tradition populaire entretient le mythe des macrales, ces sorcières wallonnes qui durant des siècles ont fait trembler de nombreux paysans.
La sorcellerie s’est solidement ancrée sur le territoire de la Basse-Meuse où les habitant·es perpétuent les rituels superstitieux transmis de génération en génération à travers fêtes, traditions et cercles folkloriques dédiés aux macrales. Aujourd’hui encore quelques discrètes macrales demeurent dans ces contrées wallonnes, propices au développement et à la pérennité de la sorcellerie, elles sont généralement sollicitées pour leur talents multiples : soigner des verrues, couper le feu, lire l’avenir dans les cartes, préparer des décoctions, partager leur connaissance de l’influence de la lune sur les récoltes, etc.
Afin de poser une réflexion sur la perception que nous portons aujourd’hui sur les légendes et anecdotes suscitées par les macrales, cette (en)quête sonore (de terrain) s’appuiera notamment sur la récolte de témoignages et d’éléments matériels dans le but de faire revivre les récits (légendes familiales et/ou mythes, de superstition et de folklore, de réalité ou de fiction), d’en interroger l’essence même et de tenter de poser un regard contemporain sur ces femmes trop souvent sous- estimées et négligées. Les témoignages seront notamment collectés dans le cadre d'ateliers, d'appels et d'événements organisés avec le soutien de lieux partenaires.
Fiche
- Visuel
-
- Année
- 2025
Extrait
Une première étape du projet a bénéficié du soutien du Patrimoine Culturel Immatériel de la Fédération Wallonie-Bruxelles.