La Mandarine blanche

Écrit à la suite de l'adoption de la loi dépénalisant l'euthanasie en Belgique (mai 2002) et juste avant que le jeune Français Vincent Humbert, devenu tétraplégique après un accident de la route, ne demande le "droit de mourir" au président de la République, ce court récit paru trois ans plus tard entremêle, à des époques différentes, deux situations de fin de vie précipitées par des accidents - celle du narrateur, Jonathan, et celle de son père : si celui-ci a dû subir l'acharnement thérapeutique "jusqu'au bout", Jonathan entend bien refuser ce supplice pour lui-même et abréger ses souffrances. Mais rentre-t-il dans les critères de la nouvelle loi ? Et est-il encore en mesure de faire une demande ? Et s'il ne lui restait plus que sa part d'enfance et l'imagination pour accomplir l'acte lui offrant une fin de vie digne ?
Construite comme un puzzle dont les pièces s’assemblent au fil de la lecture, La Mandarine blanche déploie un univers - d'autant plus imagé et fantastique que le sujet est grave - où Jonathan, Bipbip, Lavie, la fée Mandarine… se croisent dans les couloirs et l’ascenseur d’un hôpital, dans un conte moderne sur l’"euthanavie".

Fiche

Visuel
Année
2005
Édition
Le Rocher

Extrait

« L’odeur est dans la pièce. La fée Mandarine est tout près de moi. Il faudrait que je la convainque. Le temps qui passe l’indiffère; il m’étouffe: chaque seconde est une souffrance. Elle m’exaucera un jour. On ne parlera plus de moi. Je ne sentirai plus ce parfum de fruit exotique qu’elle continuera à porter à d’autres que moi. Je n’existerai plus. On dira Il est mort. J’entrerai dans la lumière, ou le parcours s’arrêtera là. J’espère au moins que si l’Éternité existe, elle n’a pas les mêmes fadeurs et l’ennui que celle que les hommes m’infligent depuis je ne sais combien de jours, de semaines, ou de mois qu’en sais-je? Depuis le jour de mon anniversaire. Et l’accident. Le plafond sous mon ventre, contre toutes les lois de la pesanteur.»