Robert Scarpa

  • Audiovisuel / Spectacle vivant / Écrit / Son / Multimedia

Jolival, terre d'accueil ?

Note d'intention Au départ, ce récit se fonde sur un fait divers : l’échevin à l’enseignement d’un village wallon, pour éviter la fermeture d'une classe de son école trop peu fréquentée, a convié une famille de réfugiés Rwandais, (une veuve et ses enfants) à s’installer en ses murs. Tact ou maladresse, il n’a pas jugé utile d'expliquer les enjeux de son hospitalité à ses nouveaux bénéficiaires : la famille était logée en contrepartie de l’inscription des enfants à l’école. Or la famille à peine installée, la mère subit les pressions d'un "notable" de la commune, au demeurant très prévenant et très lié à l'enseignement communal, pour fournir un certificat de complaisance à un de ses amis Rwandais au passé douteux qui se confirmera être un génocidaire. Ignorant les conséquences de son geste, se sentant harcelée, la mère décida de placer ses enfants dans l'école libre du village (concurrente de l'école communale), créant la consternation chez les élus politiques communaux qui l'ont sommée de quitter le logement offert par la commune. Nous avons choisi d’aborder ce matériau en adoptant le point de vue de la famille Rwandaise. Aussitôt, nous avons été confrontés à l’évocation du génocide de 1994. Il nous a semblé qu’il serait indécent de vouloir, nous occidentaux, user de flash-back, d’images d’archives ou de témoignages de nos personnages Rwandais pour raconter la catastrophe. Nous avons au contraire résolu de marquer son caractère indicible en oubliant le son direct lorsque Concilie, la mère, est contrainte à plusieurs reprises de raconter les atrocités auxquelles elle a survécu. Nous nous sommes attachés en revanche à décrire les séquelles qui marquent nos personnages dans leur comportement : les cauchemars de Lucie, les angoisses de Mathieu qui dort avec un couteau sous l'oreiller, l’hallucination de Clémence qui se terre une après-midi entière dans un poulailler en croyant que ses frères et sœur ont été égorgés. Par ailleurs, nous avons voulu éviter une confrontation manichéenne entre de gentils Africains positifs et des villageois racistes et mesquins. Ainsi le bourgmestre Tournus est-il un homme sincèrement dévoué aux intérêts de sa commune. Pourtant, le malentendu initial, source d’ironie dramatique, provoquera les griefs, pour la plupart justifiés, de la population contre la famille Rwandaise. Un synopsis est forcément réducteur. La recherche de la justesse a été notre première exigence. L’espace du scénario nuance les caractères, rend les situations subtiles et affirme un ton où l’humour est présent. Personnages principaux Concilie Veuve rwandaise dont le mari a été tué lors du génocide. Elle veut trouver pour ses enfants un havre de paix en Belgique. Elle est demandeuse d'asile. Mathieu, Martin, Lucie et Clémence Les quatre enfants de Concilie, respectivement âgés de 11, 9, 8 et 6 ans. Joséphine L'amie congolaise de Concilie qui les héberge à Bruxelles et qui devient l'amante de Boniface. Boniface Demandeur d'asile rwandais. Grâce à lui, Concilie et ses enfants sont accueillis à Jolival, village ardennais. Il cherche désespérément un témoin de sa bonne foi pour se faire reconnaître comme réfugié politique. Il se révélera être un génocidaire. Il est l'ami du Père Lavaux. Père Lavaux Curé de Jolival, ancien missionnaire au Rwanda où il a jadis connu Boniface adolescent. Tournus Le bourgmestre de Jolival qui fait tout pour sauver l'école de son village. Synopsis Dans les locaux de l’Office des Etrangers à Bruxelles, Concilie, une Rwandaise Tutsi d’une trentaine d’années, achève son récit. Derrière la vitre, elle est très émue. Sa bouche articule des paroles inaudibles, indicibles… Concilie rejoint un café où elle retrouve ses quatre enfants et Joséphine, son amie congolaise qui l'héberge. Ceux-ci sont attablés en compagnie de Boniface dont Concilie se méfie quand elle pressent qu'il est rwandais hutu. A Bruxelles, Concilie cherche vainement un logement et une école pour ses quatre enfants. Boniface, grâce à son ami le Père Lavaux, lui trouve une maison dans le village de Jolival, dans les Ardennes. Ses recherches infructueuses font que Concilie accepte la proposition, ignorant que la présence de ses quatre enfants permet de sauver l'école de Jolival de la fermeture. L'intégration à Jolival s'annonce plutôt bien. Dès son arrivée, Concilie et ses enfants sont chaleureusement accueillis par les politiciens locaux, on lui propose du travail ménager, on l'engage dans un hôtel des environs. Elle est aidée et soutenue par le bourgmestre Tournus, le Père Lavaux et sa voisine Julienne. Mais tout n'est pas aussi rose qu'il y paraît. La maison qu'elle occupe est l'unique maison sociale de la commune et elle avait été promise à une famille nécessiteuse qui se sent lésée. L'hôtelier la fait travailler au noir et le trop grand entrain à la tâche de Concilie mécontente ses deux collègues, Annette et Maria. Lors d'un jeu entre enfants, Clémence confond les cris du cochon qu'on égorge dans la ferme voisine avec les cris de ses frères et sœur. Elle se cache au fond d'un poulailler et en ressort traumatisée. C'est Joséphine, venue rendre visite à Concilie, qui parvient à sortir Clémence de son mutisme. Boniface vient chercher Joséphine à Jolival. Les rapports entre Joséphine et Boniface sont devenus plus intimes. Boniface rentre inquiet de France où il n’a pas réussi à retrouver un rwandais qu'il a sauvé lors du génocide. Sans son témoignage, il risque d’être débouté de sa demande d'asile car il est Hutu. Par contre, la générosité de Boniface a effacé la méfiance de Concilie et de ses enfants à son égard. Le jour de la communion de Lucie et Clémence, Boniface disparaît subitement alors qu'il offre de nouveaux vélos aux quatre enfants de Concilie. Ce jour-là, Joséphine insiste auprès de Concilie pour qu'elle signe une attestation de complaisance en faveur de Boniface. Mais Yolande, une rwandaise présente à la communion, est convaincue d’avoir reconnu Boniface comme étant Isidore, un génocidaire recherché. Elle le dit à Concilie qui, terrorisée, n'en souffle mot à personne. Après la communion, Boniface revient à la charge auprès de Concilie, il veut l'attestation signée. C'est sa dernière chance pour être reconnu comme réfugié en Belgique. Le Père Lavaux, pour aider son ami Boniface, insiste à son tour. Concilie refuse mais elle est envahie par l’angoisse. Son instinct de survie la pousse à fuir Jolival avec ses enfants. Elle accepte de se réfugier à Rulmont, chez Annette, devenue son amie. Elle inscrit ses enfants à l'école de Rulmont. Pour ce faire, elle se domicilie provisoirement chez Annette. Concilie apprend par Joséphine que Boniface a quitté définitivement Bruxelles. Elle est soulagée. Elle va pouvoir rentrer dans sa maison à Jolival. A son retour dans le village, elle est stupéfaite de découvrir que tout le monde lui en veut. Joséphine lui reproche d’avoir brisé sa vie et celle d’un innocent. Concilie se rend compte que le départ de ses enfants met à nouveau en péril l'école de Jolival et qu'il suscite un élan d'antipathie envers elle. Quand elle veut réintégrer sa maison de Jolival, celle-ci est occupée par la famille nécessiteuse… Reprenant ses bagages, elle quitte Jolival. Une bonne nouvelle accompagne toutefois son départ: sa demande d'asile est acceptée.

Fiche

Année
2003
Édition
VERSUS PRODUCTION