Stabat Pater
Fiche
- Visuel
- Année
- 2012
Extrait
Le train ! La fenêtre de la grande baie était hermétiquement fermée. Pourtant, un mince filet d’air en ce bleu, glacial novembre 1992 aurait eu le mérite de rendre un peu moins irrespirable l’atmosphère surchauffée de cette vaste pièce : le salon de Brigitte et Robert. Et quel salon ! Parbleu. Un de ces salons bourgeois comme n’oseraient plus en aménager les bourgeois eux-mêmes : pendules sur les cheminées, lourds rideaux drapés, embrasses à gros glands poussiéreux, des dorures un peu partout, des trumeaux, des moulures, et tout le tralala. Très « belle époque »… en somme… « Belle époque » où l’on se serait retrouvé sans crier gare, après avoir mis par mégarde le pied dans une faille de l’univers et avoir traversé involontairement une frontière du temps. Il n’aurait plus manqué, soudain, que de voir paraître un laquais en livrée, un plateau à la main.