Stabat Pater

Stabat Pater se passe pendant les années quatre-vingt-dix, qui sont le cadre d’un récit intimiste : celui d’un amour entre deux jeunes universitaires, Vasco et Grisélidis, aux origines culturelles et sociales différentes, et que vient troubler l’arrivée d’un troisième personnage. Le récit fait aussi l’inventaire des relations entre Vasco et son père. Ce dernier a fait la Deuxième Guerre mondiale dans les rangs de l’armée italienne et est arrivé peu après en Belgique. Vasco semble tout ignorer de son passé. Les sujets de l’incommunicabilité amoureuse et de la douce médiocrité postmoderne se renouvellent ici par des thèmes tels que la guerre, l’immigration italienne, les rapports entre les pères et les fils, entre l’Europe et l’Amérique, entre les classes sociales.

Fiche

Visuel
Année
2012

Extrait

Le train ! La fenêtre de la grande baie était hermétiquement fermée. Pourtant, un mince filet d’air en ce bleu, glacial novembre 1992 aurait eu le mérite de rendre un peu moins irrespirable l’atmosphère surchauffée de cette vaste pièce : le salon de Brigitte et Robert. Et quel salon ! Parbleu. Un de ces salons bourgeois comme n’oseraient plus en aménager les bourgeois eux-mêmes : pendules sur les cheminées, lourds rideaux drapés, embrasses à gros glands poussiéreux, des dorures un peu partout, des trumeaux, des moulures, et tout le tralala. Très « belle époque »… en somme… « Belle époque » où l’on se serait retrouvé sans crier gare, après avoir mis par mégarde le pied dans une faille de l’univers et avoir traversé involontairement une frontière du temps. Il n’aurait plus manqué, soudain, que de voir paraître un laquais en livrée, un plateau à la main.