Bonne nouvelle. S’il n’y a pas de solution, c’est qu’il n’y a pas de problème.

On est à l’entéléchie* du réel, n’en faisons pas tout un drame.  

Ne cesserons-nous pas de craindre, si nous cessons d’espérer ? 

N’attendons pas que les cendres refroidissent. Reconstruisons le monde. Sans cynisme aucun, qu’est-ce que ça change ? Notre civilisation restera, après tout, comme celle de l’apogée et de la chute des idéologies, des rêves prométhéens tournant au cauchemar et de l’orgueil absolu, du déni et du refoulé. 

Célébrons le monde tout en y renonçant. Vénérons la jouissance tranquille d’un monde en transition, le plaisir innocent et éphémère, le contentement procuré par la précarité de notre propre existence. Le grand charme de la vie est à son déclin.

Et dans ces circonstances, il nous semble légitime d’exprimer nos dernières volontés et d’insister pour qu’elles soient respectées et prises au sérieux.

Et qu’importent les dégâts, ils n’ont pas d’avenir. 

Ne dites plus : “Il n’y a plus rien à faire, tout est foutu !”, dites : “On se retrouvera. Je ne sais pas où. Je ne sais pas quand. Mais je sais qu’on se retrouvera un jour ensoleillé.” 

*L’entéléchie est un concept qui désigne l’état de ce qui a été réalisé, de ce qui a accompli sa fin. Le chêne est, par exemple, l’entéléchie du gland.