Langue qui me commence précédé par ...d'avoir couru comme le vent se lève

Ce livre présente, sans doute pour la première fois, du moins de manière aussi explicite, l’une des raisons, sinon la première, qui fonde le motif du «silence» et sa constante récurrence dans les livres de l’auteur. Silence primordial qui aura concouru si fortement à la mise en mouvement de l’écriture. (Extrait de l'avant-propos)

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Langue qui me commence par Marc Wetzel (Posté le 09.04.2025)

D'abord, la divine surprise d'un poète contemporain ... se sentant bien dans son être de parole (et même bien dans son être tout court). Et qui retrace comment, par sobres notations d'un véritable récit de croissance ! D'abord, il a, purement et simplement, le devenir heureux. Il aime le temps ("Tout commence, tout ne cesse de commencer. On va parmi les commencements jusqu'à la fin", p.9): la mémoire de sa vie est sereine et bien rythmée, car elle lui semble s'auto-renouveler, comme elle le doit, comme fait le temps même. [...]

Ensuite (ses livres précédents le montraient), et avec le même naturel, c'est un homme qui respecte l'espace - qui sait où s'établir pour ni brusquer ni ignorer les choses. Qui s'assoit à leur table. Qui sait leur besoin les unes des autres, leur logique d'entre-espacement. Par exemple, en deuxième page, la corde tendue, les draps, le vent, la lumière ... ont, dehors, leurs mutuels distances, directions, reliefs, ombres, d'emblée devinés, ménagés quand il s'en approche - et c'est ainsi que le sentiment (ici, de fragilité à préserver dans son origine et ses moyens) peut naître : "Je marche entre le linge qui sèche. C'est de là qu'on vient, je demande qu'on prenne pitié de la blancheur" (p.10). [...]

Enfin, il comprend la matière. Il devine la joie de son opacité même, comme s'il était témoin d'un tout-venant des choses qui est content de pouvoir (et même de devoir) s'organiser. Il accepte, et encourage même, les matériaux indigènes de l'atelier du monde. Il est bon public de la vie des choses : en elles, entre-abondance de lumière, et des "ferveurs accourant de toutes parts" (p.13). Tout ce qui prétend dominer la matière lui paraît donc mentir ("Nulle part, il n'y a de trou par où voir d'en haut ce que nous sommes", disait "La vie où vivre", un beau recueil de 2017). [...]

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Fiche

Visuel
Année
2025
Édition
Les Éditions Rougerie
Distribution
Au Comptoir du livre Librairie SPE. Paris

Extrait

La place prise par ce que tu n’as pas pu dire, où j’ai été placé.
Les mots, nés de là, si insuffisants malgré leur nombre, si peu capables malgré leur nécessité.
Silence que les mots n’ont pu atteindre.
*
Il y a un trou où le sol manque. Souvent, ce trou est en moi, jusqu’à ce que la langue me commence.
Avec la langue, c’est le monde qui recommence. Le monde fleurit.
Tout ici est si peu fait pour mourir.
*
Les mots touchent aux choses, c’est la peau au trou de la chemise.
*
La présence vive de ce qui abonde entre nous.
La tendresse charnue du consentement.
Quand parmi les mots, il n'y a plus que ton nom.