Les mots sont une foudre lente

Avec cette treizième parution, Serge Núñez Tolin poursuit, en véritable diariste, le compagnonnage de la vie par l’écriture. « Les mots sont une foudre lente » prolonge son interrogation sur la possibilité du beau, de la joie et du bonheur face aux tyrannies dont « la brutalité ôte tout son sens à la chemise repassée dans le pli ».

On trouvera sous ce titre les premières apparitions de la notion de « force aveugle » qui résout l’antagonisme et reconnaît la simultanéité des contraires dans le flux de la vie. Le texte est par-dessus tout la reprise, avec un sens recreusé, de « la prose des jours simples ». L’auteur y porte un pas de plus vers le monde des présences et le quotidien comme ode aux jours ordinaires, « l’exploration sans découvertes de la banalité des jours ».

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... "dans une langue particulièrement simple, dépouillée même. Les mots choisis, jamais clinquants, jamais rares, ni philosophiques [...], mais mats, exacts, tombent juste. [...] La rhétorique la plus affirmée réside ici dans l’absence, non-ostentatoire de surcroît, de figures de style. Et pourtant les propositions courtes, les phrases brèves se déploient dans la blancheur de la page avec une grâce aérienne, une limpidité qui ne peuvent que retenir l’attention du lecteur et l’inviter à rêver lui aussi à cette "heure inventée" au bout de ce cheminement grave et sensible."

Thierry Romagné in Europe, « Al-Andalus » n°1133-1134 / septembre-octobre 2023

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"Sous ces «foudres lentes», comme une accession nouvelle, non dépourvue de questions et d’irrésolutions, […] une accession dans une douceur, une bienveillance…"

Jacques Vandenschrick in Courriel à l'auteur

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"Dans cet oxymore, le poète résume de la plus belle manière ce qu’il y a de force et de fragilité, de vitesse et de patience conjointes dans le poème et dans toute vie humaine pour faire sens."

Éric Brogniet in Le Carnets et les Instants

https://le-carnet-et-les-instants.net/2023/05/07/nunez-tolin-les-mots-sont-une-foudre-lente/#more-60245

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"Les mots du poète sont eux-mêmes comme une promesse de tenir en nous les promesses du monde. C'est là que cette poésie de la simplicité se fait poésie de la confiance."

Marc Wetzel  in Traversées, Revue littéraire

https://revue-traversees.com/2023/03/30/serge-nunez-tolin-les-mots-sont-une-foudre-lente-rougerie-mars-2023-80-pages-13e/

Fiche

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Année
2023
Édition
Rougerie

Extrait

Des commencements n’ayant rien en vue que le besoin d’aller.

Mon admiration du bord de mer, d’un pré, des étagements successifs du paysage dans la lente profondeur de la vue.

Avec l’air frais d’un matin prometteur, faire étape dans la paix et l’accord.

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Avec les étagements successifs du paysage dans la lente profondeur de la vie, dans la suite régulière des travaux et des jours : quelques pas, quelques mots d’accord.

Dans l’air du soir avant que la lumière tombe.

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Les jours ne sont pas une langue étrangère et imprononçable, il suffit d’entrer là. Mais il faut tant de bienveillance.

Aucune présence qui ne brûle au seul contact de l’air.

Donner cette brûlante attention à ce qui nous porte ici.

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Un pré sous le soleil, la tendresse des accolades possibles, fragile inventaire devant l’autre, implacable.

On continue pourtant.

Jusqu’au bout pantois : aux côtés de l’implacable, il y a la beauté, et même la douceur.