L'immobilité et un brin d'herbe

Avec ce titre, L’immobilité et un brin d’herbe, Serge Núñez Tolin continue la veine qui est la sienne jusqu’à aujourd’hui d’une poésie en prose, fragmentaire et méditative. Quelques thèmes constituent les pivots d’une quête obstinée : le silence, l’immobilité, la présence. À première vue, cette quête peut sembler abstraite mais elle est pourtant, chez cet auteur, constamment appuyée sur une expérience qui la porte et l’atteste : ce seront par exemple la marche ou le quotidien le plus banal et trivial qui se rencontre pour chacun dans les tâches domestiques. Cet écart entre une réflexion spéculative, quasiment d’ordre métaphysique, et le réel le plus concret, le plus terre à terre disons, fonde le charme un peu austère de cette écriture qui ne s’interdit pas quelques belles envolées lyriques ou bien proches de la fulgurance aphoristique. (Laurent Albarracin)

https://lecadranligne.wordpress.com/limmobilite-et-un-brin-dherbe/

*

La vision du monde de Serge Núñez Tolin est une pensée de l’immanence : “il n’y a pas d’ailleurs pur” ; aussi l’effort poétique est-il moins de présenter tout le réel, mais seulement d’explorer toute la réalité de la présence en se mettant à découvert : “Se porter loin de soi. Se porter où suivre ce qu’on n’est pas encore” et “conduire ses mots dans ce qui ne se pense pas”. 

Vers ces choses qui, ne se disant ni ne se pensant elles-mêmes, n’ont donc pas d’objections à notre visite respectueuse et humble de leur native objectivité. 

Tout sacrifier au monde pour lui donner d’apparaître en lui-même, c’est-à-dire à partir de lui-même, sans nos usages et interprétations de lui car « Ce monde n’a ni cause ni fin, où il nous faut comprendre ce qu’il pourrait être sans nous, où il faut saisir la seconde d’immensité qui passe devant nous. » (Patrick Corneau in Le lorgnon mélancolique, blog)

https://www.patrickcorneau.fr/2024/05/eclats-de-poesie/

 

 

 

 

Fiche

Visuel
Année
2024
Édition
Le Cadran ligné

Extrait

Le chemin où nous remontons patiemment.

Prendre le temps n'est jamais qu'un emprunt,

et le pas, la mesure de ce prêt.

 

L'abandon de la question, son inutilité et

l'inutilité de la réponse. Ce qu'il y a : on l’habite et l'on s’y tient.

Suivre l'immobilité du brin d'herbe.