L'interminable évidence de se taire
Fiche
- Visuel
- Année
- 2006
- Édition
- Le Cormier
Extrait
Passée la visite faite aux choses, il reste ce visiteur, qui n’est rien ;
Passée la visite rendue aux mots, il reste un son hébété, quasiment pas une voix.
Résurgence en deçà des choses. Désert effaré de soleil, dessication de la parole, plus rien à quoi l’eau ne puisse rendre mot.
Dans cette vaste dormition, quelque chose ne peut totalement empêcher un mouvement, quelque chose qui contrarie l’immobilité là où elle pose ; quelque hose, cette chose inintelligiblement, ce présent.
*
Déplacer le silence vers un autre lieu du silence, identiquement
Silencieux.
Chercher l’extrême pointe du promontoire où le silence cesse d’être le vide que l’on entend, pour être ce silence que l’on voit.
Va-et-vient de la main sur le bois de la table, plat de la paume qui en caresse le bois, jusqu’à être caresse et bois.
Trouver dans la nuit, la seconde nécessaire à l’endormissement, celle que la pensée ne peut se figurer, celle qui exige un pas de plus : cette seconde où la pensée s’ouvre sur une obscurité égale à la nuit, seconde où le monde s’abîme dans la veille ; où la nuit se trouve à sa plus forte intensité, cette nuit qui scelle chaque seconde sur elle-même, comme autant d’appels aveugles.