Papiers !
Camille ou “Cam”, garde-frontière et Seydou ou “Sey”, sans-papier, se confrontent. Cam empêche Sey de passer un mur frontalier composé d’un empilement de valises.
C’est son rôle. C’est aussi simple que ça. Seulement, ce qui est simple n’est pas forcément facile. Après quelques péripéties, ils apprendront à communiquer, vraiment. Ils trouveront une faille systémique pour remédier à leurs tourments, de façon heureuse. La fin de cette tendre histoire, c’est un laisser-passer vers la liberté.
équipe:
Yves-Marina Gnahoua : comédienne (« Cam »)
Simon Lombard : comédien (« Sey »)
Sifiane El Asad : metteur en scène, auteur
Carole Lefort : scénographie, aide à l’écriture
Isabelle Jamsin : décor & accessoires
Xavier Huby : décor sonore
Jean-Marc Pitance : fiche technique
Paul Govaert : vidéos
Claire Allard : photographie de plateau
Extrait
Sey – J’ai une idée. Please, écris quelque chose pour moi sur cette valise? Immagina una parola da dipingire sulla valigia. Allez!
Sey lui montre un feutre-craie et une face de sa valise à lui.
Cam – Wil je dat ik een betekenisvol woord voor je schilder?
Sey – Si. Justo.
Cam – Tu sais, moi, ik heb niet veel fantasie…
Sey – Chut ! Escucha ! Tu entends ?
À ce moment on entend un téléphone qui sonne. Sey cherche en écoutant le mur. Pendant qu’elle réfléchit au mot à écrire, Cam trouve une vielle cassette dans l’étui et la mette dans le lecteur de cassette. Sey essaie des valises qui ne s’ouvrent pas. Puis, il découvre un vieux téléphone dans l’une d’elles. Il décroche.
Sey (surpris) – Pronto ! Operator ? A call ? (au public) Perque no. Numero 00674056889131… Thank you… Yes Allô ? Brother ? Oh ! How are you ? Yes, I am safe. …
Cam allume le lecteur pour couvrir la discussion de Sey au téléphone. Sey parle moins fort et continue de discuter avec sa famille. De temps en temps on entend des rires ou des pleurs de sa part. Cam allume le radio cassette, on entend un homme qui parle. Cam a dessiné une fleur. Cam propose au public d’écrire des mots sur la valise de Sey. Elle fait circuler la valise dans la salle.
Lecteur cassette poème – « Une graine. Je suis une graine dans le vent. Je me débats au rythme des bourrasques. Je ne m’appartiens plus. Je ne rappelle plus bien… Où je vais ? Je ne me rappelle plus bien ce que j’attendais. Je viens de par là ? Oubliés sont mes rêves. Inespéré, est le monde. Sous ma peau, il y a de l’espoir. Sur ma peau, il y a du bitume et du ciment. Parfois, je discute avec les poissons des étangs. Je vole au-dessus des chats errants. J’ai senti le lilas près des bancs. J’ai tant voyagé. Je me suis perdu. J’erre dans la foule. Je me mêle aux gens, aux enfants, leurs parents. Je frôle les murs. J’évite vos regards. J’aimerais… J’aimerais que vous compreniez, que vous voyiez. Je ne suis plus jamais là depuis très longtemps. Fugace comme l’instant. Une graine. Je suis une graine dans le vent. »