le statut du mythe dans la Poétique d'Aristote. Les fondements philosophiques de la tragédie.

En relevant que la seule théorisation du mythe que nous connaissions chez Aristote est sa réflexion sur la tragédie, l'auteur montre en quoi l'argumentation de la "Poétique" vise à mettre à jour et à fonder la rationalité propre au mythe tragique. Par sa double définition du mythe, à la fois "combinaison des faits" et "représentation d'action", Aristote s'emploie ainsi à organiser les données utilisées par le mythe de façon plus homogène, en le dotant d'une cohérence interne et d'une unité qui lui sont propres. Cette étude tente ensuite de dégager la spécificité du plaisir tragique, en examinant les facultés de l'âme du public auxquelles la tragédie s'adresse. Sur base d'une comparaison avec les autres formes de la mimèsis, l'auteur montre que la tragédie réalise la perfection de ce genre, car elle seule parvient à s'adresser à l'ensemble de l'âme humaine: en tant que mimèsis, le mythe tragique suscite un plaisir dû à la reconnaissance (activité de l'imagination) de paradigmes de la condition humaine représentés sous la forme d'une action stylisée. En tant que "combinaison des faits", le mythe fait résulter le plaisir tragique de la compréhension (activité dianoétique) de l'enchaînement sémantique de l'action. Par cette valorisation de la structure interne du mythe au détriment de la mise en scène, Aristote tente de fonder le primat du discours sur l'agir, et ce, parce que la réflexion est pour lui la condition de possibilité de l'affection. De la sorte, Aristote serait à l'origine d'une esthétique de la réception active de l'oeuvre d'art, basée sur son interaction dynamique avec le public.

Fiche

Année
1997
Édition
OUSIA