Everybody wants to leave Las Vegas and go back to the Garden of Eden

Colin et Zelda ont cassé quelques morceaux de sucre sur le dos du Monde; la rogne aidant, ils ont peut-être été jusqu'à faire le voeu de lui réajuster le portrait à leur manière. Hé! Jeunesse nourrit les meilleures intentions, dessine son avenir et ne doute de rien. Ou de si peu. A cet âge la vue du sang n'a pas encore lassé les yeux qui le contemplent, point encore blasés, une saine révolte bouillonne, on s'insurge: "Oh! Le Monde! Pointe du nez si tu l'oses, on va te ravaler le trognon!" Mais voilà, voilà… Imaginez que la chose ne tombe pas dans l'oreille d'un sourd. Imaginez! Imaginez que le Monde vous aspire et vous pose sur un bord de l'Univers quelque part au fin fond de de nulle part; et qu'il débarque, tonitruant, la panse rongée de manigances et contradictions. Imaginez le Monde et le choeur indicible des bruits de tout suivi de Celle qui porte sa Mémoire puis la Bonne, puis de Mamzelle N, puis de Crève la faim, Jean Veux, Qu'est-ce que Jean Peux, Manu Militari et Cupidon. Imaginez l'énorme et secouante pagaille. Et surgissant pour ponctuer la débâcle l'inaltérable et conditionnel: Si Dieu Existait. Tracassé, rongé par sa condition, le voilà, la larme à l'oeil, jurant que ce ne serait pas Dieu possible que le Monde reste dans cet état. (Stanislas Cotton)

Fiche

Année
1999