Bjorn le Morphir

La neige est méchante en cet hiver 1065, elle a décidé de s’en prendre aux hommes. Elle envoie ses légions de flocons de la taille d’un roc sur le Fizzland, avec pour mission d’engloutir les villages vikings et tous leurs habitants. Afin d’échapper à la Démone blanche, Bjorn et sa famille se claquemurent dans la salle commune de la maison de son père, Erik, le colosse sans peur. Tous se préparent à supporter un siège qui risque de durer de longs mois. Lors de cette épreuve exceptionnelle, chacun va dévoiler son cœur et son courage. À l’exception de Bjorn. Lui ne se révèle pas, il se métamorphose. Ce jeune garçon timide et craintif, dont le nez coule comme une source, maigre comme un oisillon et pas très doué pour les armes va brusquement se transformer en un combattant redoutable. Par quel miracle ? Bjorn serait-il un morphir ? Lui-même en doute.

Fiche

Visuel
Année
2004

Extrait

Ce soir du 13 mars, je jouais aux échecs avec Ingë, sous l’œil attentif de Sigrid, l’aînée des muettes. Ma petite-sœur réfléchissait longtemps avant de jouer, selon son habitude. Et je pense que je m’endormais doucement, lorsqu’un cri retentit tout près de moi : - Neige ! La voix qui avait poussé ce cri, je ne la connaissais pas. Je levai la tête et découvris Sigrid, les yeux ronds comme des billes, qui pointait le doigt vers le fond de la salle, du côté du terrain de sport. - Neige ! fit-elle encore. C’était la première fois qu’un son articulé sortait de sa bouche, la première fois de sa vie qu’elle parlait. Mais personne n’eut le temps de s’émerveiller du miracle. Venant de l’ombre, une apparition blanche, gigantesque, fondit sur mon père et lui asséna un grand coup par derrière. Erik tomba de son haut siège (le seul meuble que nous avions conservé intact) pour ne plus se relever. L’être qui se tenait devant nous avait forme humaine, mais son corps était de glace. Ses bras se prolongeaient en deux longues piques, deux épées de glace. Dans sa physionomie de glace, sans nez et sans bouche, luisaient des yeux rouges minuscules, horribles. Saisissant son épée, le demi-troll Dizir se rua sur l’ennemi. - Allumez les lampes ! ordonna-t-il. Les muettes se chargèrent de cela, tandis que maman et Ingë, à quatre pattes, tentaient de rejoindre mon père pour lui porter secours. Gunnar, armé d’une hache et d’un bouclier, s’avança pour prêter main forte à Dizir. Pour ma part je restai un moment indécis, pétrifié en somme. Après quoi, respirant un grand coup, surmontant ma peur, je serrai Mordeuse et emboîtai le pas à mon frère. Le guerrier de glace lançait ses pointes avec une rapidité et une précision diaboliques. Dizir se défendait vaillamment, mais il perdait déjà du terrain. Pourtant il refusa notre aide avec la dernière énergie.