Tina Noiret

  • Écrit / Spectacle vivant / Multimedia / Audiovisuel

L'espace littéraire numérique comme autre lieu de résistance et de résilience à l'emprise

L'œuvre de fiction par sa souveraineté est un espace de résistance au pouvoir, d'intimité et de désœuvrement qui interroge et déconstruit les notions d’emprise et de travail. Elle se dégage du pouvoir de l'organisation et ouvre à d'autres formes de connaissance et d'action. Afin d'agir dans l'espace social commun, deux stratégies de résistance s'offrent à l'auteur : la fiction et le « pharmacon » d'un espace numérique qui a transformé nos pratiques culturelles. Son art à l'œuvre dans le monde est une proposition de transformation. Cette approche de résistance se doit d'intégrer aussi la question du genre.

Fiche

Année
2019

Extrait

Si l'emprise vise à soumettre et isoler les individus, les formes contemporaines de l'emprise au travail dépassent largement la seule organisation néo-libérale. L'emprise est omniprésente, multidisciplinaire, multifactorielle et globale. Aussi implacable que la loi de la gravité, elle est récidivante et systémique. Si elle semble insaisissable, c'est qu'elle est partout. Hydre multicéphale, tel le phénix, elle renaît de ses cendres, incendiant tout sur son passage. C'est pourquoi elle mobilise plusieurs disciplines, notamment la psychologie, la sociologie, les sciences du travail, la critique littéraire, la psychanalyse, la gestion de projet et les ressources humaines. Il serait illusoire d'aborder la violence du système de domination et les manières d'y résister de manière univoque et parcellaire. Certaines caractéristiques avérées de la société et des organisations, dont les institutions, y mènent forcément. L'exclusion et la perte de talents et de compétences, la dépossession et la disqualification des savoirs, en découlent comme un sang sacrificiel qui n'a pas fini de crier dans la Cité.

Si tout le monde peut être victime d'emprise, il existe une typologie de la victime privilégiée comme l'a montré une étude d'ETUC1 sur le harcèlement présentée à la commission « FEMMES » du Parlement européen, dans le cadre de la refonte de la directive européenne sur le harcèlement en 2007. Il s'agit de préférence d'une femme, plutôt jeune, d'origine immigrée et brillante.