Il s’agissait de (re)visiter l’histoire des relations entre le Congo ex-belge, le Zaïre, à nouveau le Congo et la Belgique. Des relations difficiles, tragiques, passionnelles mais aussi nouées inextricablement depuis le temps de la colonisation, jusqu’à l’Indépendance et les quarante années qui suivirent. Ces années de séduction et de méfiance réciproques ont imbibé peu à peu l’histoire de plusieurs générations de belges et de congolais. L’écriture de cette histoire, la confrontation des points de vue avaient étrangement échappé au théâtre quand soudain, plusieurs auteurs nous ont livré textes et spectacles sur le sujet. La mémoire refaisait surface et Antoine Pickels, plongé dans une aventure théâtrale d’exception, s’est retrouvé au carrefour des témoignages. Il lui fallait écrire tout en sachant que les acteurs congolais et belges mêlés à cette remontée du temps allait aussi devoir prendre en charge une remontée des idées toutes faites, des clichés, des fantasmes et des incertitudes. « Bruxelles, ville d’Afrique » exprime cette conscience d’une histoire entremêlée d’affection et de drame, de lutte et de farce et Antoine Pickels n’a pas hésité à choisir les mots less plus nets pour faire sonner, autrement, les voix des acteurs d’un temps qui ne cesse de vouloir se donner à voir et à entendre, enfin, dans toute sa complexité. (Daniel Simon)