Le fil des traversées
[Quatrième de couverture] Voyageuse des confins de l’Europe baltique, Anna Ayanoglou y puise la matière de ses poèmes. Un monde de rues désertes «noyées sous le feuillage», aux instants discrets, gardant l’écho lointain des tragédies du XXe siècle. Le «familier» que scrute Anna Ayanoglou court «dans les venelles, dans les cours comme dans des greniers défendus». C’est aussi dans la suite des années, l’expérience de la dissolution amoureuse, celle d’un chemin de vie pas à pas ressaisi dans la parole du poème que l’auteure compose aujourd’hui son propre chant.
Pour ce premier recueil, Anna Ayanoglou a clairement choisi le camp du poème, seul capable d’enregistrer les subtilités perdues, sans nostalgie. L’auteure fait entendre ici une petite musique très singulière, loin des artifices de mode, fidèle plutôt à sa chanson intime. Le fil des traversées s’offre ainsi comme un relevé d’émotions profondes, d’étonnements captés à chaud, l’ordinaire mystérieux d’un quotidien qui sait se faire entendre à condition qu’on l’écoute.
Fiche
- Visuel
- Année
- 2019
- Édition
- Gallimard
Extrait
Lui
Corps d’homme, candeur d’enfant
si mâle et tant de grâce
à lui seul il m’est le pays
– autre, et en tout
à lui seul il m’est la saison
qu’il retient à son cou
Peau blanche, sourire de loup
dans notre nid le devoir a péri
car avec lui les jours n’existent
que pour se reposer des nuits.
p. 55