Reflets

La route. Le vent. On marche et on pense. On pense et on marche. Jusqu’à ce qu’on ne pense plus. Là, quelque part, il y a une bête. On sommeille comme on veille dans une transe détachée. On rêve d’un corps, d’une vie, d’un ailleurs. On goûte l’abandon dans un Autre. Là, quelque part, il y a soi. Et si l’on en détache les yeux, on le rencontre. 

Fiche

Visuel
Année
2019
Édition
Lamiroy

Extrait

Je marche sur une longue route, poussiéreuse et infinie. Je marche depuis longtemps, me semble-t-il. Sur cette route tout s’estompe : le temps, les pas, la distance, la raison. On sait qu’on marche ; comme dans un tunnel à ciel ouvert, on n’en voit pas le bout. La route, ce qui paraît l’être, n’est qu’une ligne droite arbitraire tracée au milieu d’un océan d’horizontalité. Un vague sentier planté dans la platitude irréelle.

Ça fait partie de mon travail. J’y suis habitué. Aller dans des endroits désolés, où personne ne veut plus mettre les pieds, des lieux oubliés des dieux et des diables. Ce n’est pas désagréable, ce n’est pas agréable, c’est un travail.