La plus belle mélodie est celle qui insuffle l'Espoir

Tirée du recueil de nouvelles "Récits d'une boule de papier"

Nouvelle publiée dans un recueil né d'un atelier d'écriture donné par Katia Lanero Zamora à Liège.

Résumé: Dans un monde futuriste où la musique est contrôlée par un État fort, Lucian, apprenti accordeur de piano, rêve de découvrir le coeur de la musique. Amoureux de la musique, il va se heurter à un monde hostile dans lequel il n'est pas le bienvenu.

Fiche

Visuel
Année
2016
Édition
Àjours

Extrait

Un sourire naïf. Ultime bravade que le vieillard s’était permise avant de partir. Il était mort heureux dans sa petite chambre triste. Lucian, silencieux, se tenait debout à côté du lit où reposait son patron et seul ami. Les larmes qu’il voulait verser tardaient à couler. Un sentiment de vide, lourd et oppressant, le figeait sur place. Il voulait comprendre. Pourquoi souriait-il ? Qu’avait-il bien pu trouver de positif dans cette vie ? Sa famille le dénigrait. Pas un de ses nobles clients ne le respectait. Il passait la plus grande partie de son temps dans une solitude qu’il ne méritait pas. La vision du jeune apprenti se brouilla alors qu’il détournait le regard. Dans la pièce minuscule où vivait le vieil accordeur, il n’y avait qu’un lit, une table de chevet qui ne tenait que miraculeusement debout et un simple bureau en bois où aucune poussière ne s’était attardée.

Une première larme perla. Nostalgie. Marc De L’Aubier avait toujours été le pire des maniaques. C’était d’ailleurs bien la seule chose qui pouvait trahir le rang élevé de sa naissance. D’un pas lent et respectueux, Lucian s’approcha du bureau et posa une main tremblante sur la surface de bois froid. En un éclat, il revit sa première visite ici. A l’époque, il avait été impressionné par la simple présence d’une feuille en papier, ressource devenue si précieuse et peu utilisée aujourd’hui. Le vieil homme avait toujours cherché à repousser la technologie, allant même jusqu’à demander à Lucian de signer par écrit le contrat de travail qui allait éclairer sa vie. Le jeune garçon, qui n’avait alors jamais tenu un stylo, avait tracé avec maladresse son prénom sur le papier et avait ensuite passé de longues minutes à parcourir le document de ses doigts d’adolescent, sentant avec délice l’épaisseur de l’encre sur le document.