De la mouche à l'hameçon

Epoque contemporaine. Un homme découvre un jour par hasard un carnet (appartenant à sa femme), rassemblant des coupures de journaux dans lesquelles est relatée notamment la mort de sa femme… qui se trouve pourtant bien vivante dans la pièce à côté. Abasourdi par cette découverte, notre enquêteur (Dan Karyo) décide de se rendre sur les lieux où le décès fut prononcé. Il arrive alors dans un petit village très sectaire, retiré et autarcique, où la folie règne comme une épidémie n’épargnant personne, pas même lui. Alors qu’il découvre que sa femme n’est peut-être pas celle qu’il croyait, il croisera sur sa route une femme shérif minablement romantique et passionnée de bandes dessinées, un chauffeur de taxi obsédé sexuel, une tenancière d’auberge des plus loufoques qui se dit en contact avec les morts, un chanteur désoeuvré à la voix aussi brisée que ses chansons, une prostituée allemande en chaise roulante, un jeune homme à tendance autiste passionnée d’enquêtes policières, un révérend pervers, manipulateur et corrupteur… tout cela sous le regard ironique et les commentaires spectaculaires d’un narrateur métatextuel déjanté. Bienvenue dans le délire de l’enfer…

Fiche

Année
2008

Extrait

C’est terrible. A force de vouloir faire plaisir aux gens, on finit par écarter les jambes. On se retrouve allongée sur un plumard, les jambes en V… parfois en d’autres lettres de l’alphabet même… allongée en train de se demander comment on repeindrait le plafond pour qu’il soit plus joli…

Je me souviens de mon premier salaire. Il était pas de deux cents dollars, mais de vingt dollars. Je ne peux pas vous dire avec qui c’était, parce que sa femme ne serait pas contente, et parce que dans ces bleds paumés tout se colporte très vite. En revanche, je peux vous dire comment ça s’est passé. Le gars m’a dit : « Si j’ai un peu de plaisir, je te file cent dollars. Si j’ai beaucoup de plaisir, je t’en file deux cents. Mais si j’en ai pas, t’en auras que vingt. Et c’est pas parce qu’un mec éjacule qu’il a du plaisir. » Alors, moi, sûre de mon coup, je lui ai fait la totale. Le genre de traitement en close-up où tu peux pas ne pas jouir, même si tu veux pas… Mais après coup, le mec m’a dit : « j’ai pas eu de plaisir, voilà vingt dollars »… Tout ça parce que ce paumé n’avait que vingt dollars en poche dès le départ. Là je me suis dit : « Cocote, tu t’es fait baiser. Mais on ne t’y reprendra plus. » Alors, aujourd’hui, c’est cent quatre-vingt d’avance, et les vingt dollars à la fin, si le gars a eu du plaisir. Chez moi, y a pas multiples tarifs. Je fais la totale pour deux cents dollars, ou nada pour zéro cent. Entre les deux, il n’y a rien… Sarah a vu que ça marchait, ce système de pompe à fric, alors elle a fini par vouloir faire la même chose que moi.