Croquis du monde mutant
Poésie
Ce recueil consiste pour l'essentiel en poèmes, libres ou librement versifiés, et courts textes dont la plupart se veulent incisifs, satiriques, tragicomiques, axés sur la politique - l'Europe, Bruxelles... - la culture (la musique, les festivals,...), l'économie (travail, chômage), la belgitude, le journalisme, etc.
J'avais envie de déceler une certaine « mutation » de l'humanité engendrée par une consommation effrénée et par l'absorption d'écrans de toutes sortes. Je me suis amusé aussi à brocarder la publicité ainsi que les industries alimentaires et du divertissement – ce qui, je le concède, paraît un peu cliché et redondant présenté ainsi ! C'est pour cette raison que l'humour n'est jamais loin, enfin je l'espère.
D'autres poèmes sont en revanche plus traditionnellement « poétiques », empreints d'amour et de tendresse, exprimant la sagesse de la nature.
J'ai tenté aussi de jouer sur la langue, en réinventant de nouveaux mots ou en détournant certains de leur sens initial.
J'essaie toujours de saisir avec un humour féroce notre monde contemporain. On peut voir ces textes comme atypiques, agressifs ou désordonnés, mais je crois qu’il faut les considérer comme une sorte de puzzle de notre époque.
Extrait
Les monologues du Divin
Abandonner !
L’orgueil de vouloir tellement plaire à l’Autre
Cette image sourd
De soie
Tellement pénétrante
Elle nous poursuit matin, midi, soir, nuit
Peur du regard de l’autre sur une surface !
La grande absurdité du petit monde
Aux contours faussés par la main putaine
Dépendant de la Technomagnétique
Je suis l’ersatz de l’ancienne Vie
Coupé des racines de l’Arbre Cosmique
Isolé devant l’Écran Perpétuel
Peinant pour un Travail
Durable et Croissant
Je me faufile dans le Grand Cercle des Poètes Dissolus
Dissous et Dissipés
Avant que les mots n’aient perdu leur substance
Lâcher
Me lâcher
Lâcher le morceau
La fausse mort du Très Haut
Qu’est-ce, exister ?
Exhumer son profil Fakebook !
Fini de parler de la vie d’avant !
À présent, tu es le Créateur conscient et volontaire
Assuré par ta volonté d’être
Tu te positionnes comme le Concepteur du Besoin de Besogner le Travail
Le rendre besognable et corvéable à non merci !
Nouveaux Serfs, besognez-le donc, torturez-le
Montrez ce dont vous êtes coupables
Pressentez ce qui va arriver
L’impermanence de la Vie qui coule
De vos Narines
Si divines
Entrevisions, 1
Le jour où tu n’es pas encore
Tu nais
Et déjà tu portes les germes du grand Futur
Le présent, ton compagnon pour la vie
J’aspire à la couleur universelle des parties du monde de l’humain
Délivrance libre sur papier infini
J’éjacule des morceaux du puzzle intime où chacun a laissé une trace
Ma carapace se carapate loin de chez elle
Dans l’infinie multitude des possibilités
Limitées
Forces de gravitation anti-matière
Je navigue vers les eaux libres du cheminement intérieur
Observant, dévalant la vallée des abîmes
La vie est belle
Quand j’entends ta voix
Vivace est-elle
Quand je te perçois
Perse sois-tu là-bas
Ou ne sois-tu pas
En vérité peu importe
Ton âme n’est point morte
Petit port de plaisance
L’eau pénètre dans tes recoins
Les reflets du soleil de Byzance
Tes appâts scintillent au loin
L’amour coule comme l’eau
Goutte, perle
On la voit, timide
Tandis que rivière gronde
Elle refait le même
Encore et toujours
Élément pur et noble
Me transperce
Le reflet de ton être et du cœur
Dansent dans ma vie
Aujourd’hui je t’offre un cadeau
J’espère que tu vas l’aimer
Un truc déniché là-haut
*
La rose au sein de tes jambes
Galbées comme ton offrande
Tes seins si transpirants
Dans la chaleur de l’été
De ces bonbons je n’ai pas goûté
Peut-être n’est-ce point ma tasse de thé
De toute façon la vie c’est autre chose
C’est bien différent, et pas toujours rose
La perle des étoiles rosées
Sur ton corps aux senteurs parfumées
Immergée d’une brume
La mer foncée de ta peau
Je m’abîme dans tes eaux
Tu inondes le monde de ta lumière
Boue hyperfestive
La claque du plein d’années à venir
Psychopatraques en fausse chair
Décomposés en os rongés de rouille
L’ancienne réalité déformée par la puanteur des fêtes festivo-festives
Et des milliards de caméras d’auto-surveillance
Des i-Pids, i-Muks et i-Fuks pour capter les monstres
Sur le tapis de la Croisette
En mai, commet s’il te plaît
Une autre berlusconnerie de passage sur Terre
Maniaque d’opérer ainsi en maître d’opérette
Le Président du Conseil hyperfestif va sabrer le poète torturé
Car il ne sait plus où elle est cachée
La Poésie
Il la détruit
Et le poète est devenu fou
Achevés, prosternés devant l’autel
Échevelés, dégoûtés de nous-mêmes
Où sont donc passées nos Belles
Elles t’ont trouvé, ah ça elles aiment
*
Petit artiste rebelle de mes fesses
Tu te donnes en spectacle sponsorisé
Malléable comme un organiste à la messe
Je t’abattrai froidement lors d’un festival d’été
Au travers du mur de tes yeux
Se dévoile une forêt de perroquets
Ne saisissant pas le ton camaïeu
Tu vois s’agiter les paltoquets