Croquis du monde mutant

Poésie

Ce recueil consiste pour l'essentiel en poèmes, libres ou librement versifiés, et courts textes dont la plupart se veulent incisifs, satiriques, tragicomiques, axés sur la politique - l'Europe, Bruxelles... - la culture (la musique, les festivals,...), l'économie (travail, chômage), la belgitude, le journalisme, etc.

J'avais envie de déceler une certaine « mutation » de l'humanité engendrée par une consommation effrénée et par l'absorption d'écrans de toutes sortes. Je me suis amusé aussi à brocarder la publicité ainsi que les industries alimentaires et du divertissement – ce qui, je le concède, paraît un peu cliché et redondant présenté ainsi ! C'est pour cette raison que l'humour n'est jamais loin, enfin je l'espère.

D'autres poèmes  sont en revanche plus traditionnellement « poétiques », empreints d'amour et de tendresse, exprimant la sagesse de la nature.

J'ai tenté aussi de jouer sur la langue, en réinventant de nouveaux mots ou en détournant certains de leur sens initial.


J'essaie toujours de saisir avec un humour féroce notre monde contemporain. On peut voir ces textes comme atypiques, agressifs ou désordonnés, mais je crois qu’il faut les considérer comme une sorte de puzzle de notre époque.

Fiche

Visuel
Images
Année
2019
Édition
Prem'Edit

Extrait

Les monologues du Divin

 

Abandonner !

L’orgueil de vouloir tellement plaire à l’Autre

Cette image sourd

De soie

Tellement pénétrante

Elle nous poursuit matin, midi, soir, nuit 

Peur du regard de l’autre sur une surface !

La grande absurdité du petit monde

Aux contours faussés par la main putaine

 

Dépendant de la Technomagnétique

Je suis l’ersatz de l’ancienne Vie

Coupé des racines de l’Arbre Cosmique

Isolé devant l’Écran Perpétuel

Peinant pour un Travail

Durable et Croissant

 

Je me faufile dans le Grand Cercle des Poètes Dissolus

Dissous et Dissipés

Avant que les mots n’aient perdu leur substance

 

Lâcher

Me lâcher

Lâcher le morceau 

La fausse mort du Très Haut

 

Qu’est-ce, exister ?

Exhumer son profil Fakebook !

 

Fini de parler de la vie d’avant !

À présent, tu es le Créateur conscient et volontaire

Assuré par ta volonté d’être

Tu te positionnes comme le Concepteur du Besoin de Besogner le Travail

Le rendre besognable et corvéable à non merci !

Nouveaux Serfs, besognez-le donc, torturez-le

Montrez ce dont vous êtes coupables

Pressentez ce qui va arriver

L’impermanence de la Vie qui coule

De vos Narines

Si divines

 

 

 

Entrevisions, 1

 

Le jour où tu n’es pas encore

Tu nais

Et déjà tu portes les germes du grand Futur

Le présent, ton compagnon pour la vie

 

J’aspire à la couleur universelle des parties du monde de l’humain

Délivrance libre sur papier infini

J’éjacule des morceaux du puzzle intime où chacun a laissé une trace

Ma carapace se carapate loin de chez elle

Dans l’infinie multitude des possibilités

Limitées

 

Forces de gravitation anti-matière

Je navigue vers les eaux libres du cheminement intérieur

Observant, dévalant la vallée des abîmes

 

 

La vie est belle

Quand j’entends ta voix

Vivace est-elle

Quand je te perçois 

 

 

Perse sois-tu là-bas

Ou ne sois-tu pas

En vérité peu importe

Ton âme n’est point morte

 

 

Petit port de plaisance

L’eau pénètre dans tes recoins

Les reflets du soleil de Byzance 

Tes appâts scintillent au loin

 

 

L’amour coule comme l’eau

Goutte, perle

On la voit, timide

Tandis que rivière gronde

Elle refait le même

Encore et toujours

Élément pur et noble

Me transperce

Le reflet de ton être et du cœur

Dansent dans ma vie

 

 

 

Aujourd’hui je t’offre un cadeau

J’espère que tu vas l’aimer

Un truc déniché là-haut

 

 

                   *

 

 

La rose au sein de tes jambes

Galbées comme ton offrande

Tes seins si transpirants

Dans la chaleur de l’été

 

 

De ces bonbons je n’ai pas goûté

Peut-être n’est-ce point ma tasse de thé

De toute façon la vie c’est autre chose

C’est bien différent, et pas toujours rose

 

 

La perle des étoiles rosées

Sur ton corps aux senteurs parfumées

Immergée d’une brume

La mer foncée de ta peau

Je m’abîme dans tes eaux

Tu inondes le monde de ta lumière

 

 

 

Boue hyperfestive

 

La claque du plein d’années à venir

Psychopatraques en fausse chair

Décomposés en os rongés de rouille

L’ancienne réalité déformée par la puanteur des fêtes festivo-festives

Et des milliards de caméras d’auto-surveillance

Des i-Pids, i-Muks et i-Fuks pour capter les monstres

Sur le tapis de la Croisette

En mai, commet s’il te plaît

Une autre berlusconnerie de passage sur Terre

Maniaque d’opérer ainsi en maître d’opérette

Le Président du Conseil hyperfestif va sabrer le poète torturé

Car il ne sait plus où elle est cachée

La Poésie

Il la détruit

Et le poète est devenu fou 

 

 

 

Achevés, prosternés devant l’autel

Échevelés, dégoûtés de nous-mêmes

Où sont donc passées nos Belles 

Elles t’ont trouvé, ah ça elles aiment 

 

 

                             *

 

 

Petit artiste rebelle de mes fesses

Tu te donnes en spectacle sponsorisé

Malléable comme un organiste à la messe

Je t’abattrai froidement lors d’un festival d’été

 

 

 

Au travers du mur de tes yeux

Se dévoile une forêt de perroquets

Ne saisissant pas le ton camaïeu 

Tu vois s’agiter les paltoquets