Celtitude

Un homme et une femme d'aujourd'hui marchent sur les traces de Brendan, moine explorateur au VIe siècle. Robin part en quête de la photo idéale. Aliénor croit simplement l'accompagner dans son périple en celtitude. Mais est-on jamais sûr de rien? La géographie se mue en états d'âme, les vieilles pierres disent une préhistoire, et la mer, poursuivant son lent travail, dégorge ses secrets.

Fiche

Année
1999
Édition
L. Wilquin, Luce Wilquin

Extrait

Je n'ai eu droit à aucune explication: le carton bleu se suffisait à lui-même. Robin m'avait demandée en voyage, et tout était dit. Bien sûr, nous avons beaucoup parlé des modalités pratiques, du comment; du pourquoi - je veux dire: du vrai pourquoi - jamais. J'avais en moi la certitude qu'il n'envisageait pas ce départ pour me trouver, me découvrir, ni même pour nous donner un histoire - elle s'annonçait, pour cela, peut-être, très belle... Quelque chose dans la façon dont le temps était comme suspendu dans son donjon - il habitait un donjon! un détail qui en disait long (mais la forteresse à prendre: était-ce lui? était-ce moi?) et qui à lui seul me le rendait déjà très cher... -, la qualité des silences qui y régnaient, ou encore l'épaisseur de la lumière qui le baignait jusqu'au plus fort des mauvais jours... quelque chose me disait que Robin était l'écrin d'un secret à éclore. Tour à tour fort et rassurant, dur et austère, c'était un arbre l'été, c'était un arbre l'hiver - mais un arbre à la sève bouillonnante qui voulait se laisser pousser des branches aux endroits les plus incongrus. J'aurais tant voulu lui dire: "Pousse, mon arbre, pousse! jamais je ne te serai tuteur. Pousse, mon arbre, pousse! jamais je ne te serai sécateur"... Mais dit-on jamais pareilles choses?