Elise

François, le prisonnier français et Elise, la jeune Allemande, s’étaient créé une patrie à eux deux. Une patrie de tendresse et de révolte. De musique et de poésie. Dans l’Allemagne nazie. Tout à côté de la Tanière du Loup, l’antre du Führer. Mais au moment d’être exécutée, face à son bourreau soviétique, après une journée de viols, Elise a crié Heil Hitler. Quarante ans plus tard, François refait le chemin de sa captivité. Pour tenter de comprendre ce cri, qui l’obsède.

Marcel Sel poursuit son exploration de l’être égaré dans les totalitarismes. Une description sans concessions des exactions nazies et communistes. La tragédie apocalyptique d’un peuple qui a fait le pire des choix. Et les viols systématiques qui ont suivi.
Elise est une suite stylistique et thématique à Rosa. Un seul personnage relie les deux romans. Mais lequel ?

Fiche

Visuel
Année
2019

Extrait

Alors, malgré le pays violé, malgré mes soeurs

abattues par le Reich autant que par ces porcs,

malgré ma Mazurie massacrée, ma Prusse

abandonnée par les grands chevaliers d’une si formidable

Allemagne, notre Gauleiter en tête, qui nous

ont laissées croupir, violer, assassiner (et Mutti qui

doit errer dans ce froid affreux), malgré ce pauvre

Rudi qui ne comprendra jamais, et la baronne qui

a tout compris avant nous toutes, malgré la glace

qui me carbonise les genoux, malgré mon corps

qui tremble comme une feuille, malgré ma peau

lacérée, mes entrailles qui vomissent leur souillure,

malgré ma peur, et bien que Wolf nous ait

traitées comme il ne traiterait pas sa chienne, je

lève les yeux, j’assène à cette chapka crasseuse mon

plus hideux sourire, je dis mon nom, ich heiße Elise

May, d’une voix tremblante qui m’afflige, je tends

mon front au métal glacé et, parce que c’est la seule

chose qu’il reste à faire, le dernier mot à dire, de

tout le souffle qu’il me reste, je crie Heil Hitler !