Payé·e peu pour prendre cher - rétablir la valeur des métiers

"Il y a peut-être 6 ans, au cours d’une table ronde soporifique autour de l’avenir du livre, je fus soudain réveillée en sursaut par la sortie de l’un des auteurs présents qui, du haut de son égo d’artiste-créateur, s’insurgeait : « On me paye comme la femme de ménage ! ». Pourquoi pensait-il, de toute évidence, qu’il méritait de gagner plus qu’elle ? Selon quelle échelle de valeurs ? Le confinement (partiel) de la population et les bouleversements de la vie quotidienne provoqués par l’épidémie du Covid-19 ont ouvert une brèche pour reposer la question de la valorisation des métiers et de l’invisibilisation, voire du mépris, que subit une partie de la population dans l’exercice de son métier. Une analyse de cette échelle de valeurs n’est pas juste une question de niveau salarial. Elle interroge le statut des individus ainsi que les conditions d’accès et d’exercice de leur profession. Et beaucoup de nos représentations. "

Fiche

Année
2020

Extrait

"Le fait est qu’une partie des métiers dévalorisés, notamment ceux liés à l’entretien ou à l’aide aux personnes, sont majoritairement portés par les franges les plus précaires de la population, notamment les personnes étrangères et/ou racisées et/ou des femmes, que l’Histoire a habitué au travail domestique et/ou non rémunéré. Les héritages esclavagistes et coloniaux de nos sociétés nous ont habitués à voir des personnes catégorisées comme « non-blanches » assurer les travaux les moins reconnus économiquement et symboliquement. Tout comme l’historique répartition sexiste des activités sociales ont associé dans nos imaginaires les femmes au travail peu prestigieux de soin et d’entretien domestique, exercé pendant des décennies sans aucune rétribution financière."