La cible

Ce récit de 24 pages fut réalisé dans le cadre des 24 Heures de la Bande Dessinée de Bruxelles 2012.

La contrainte posée cette-fois par les organisateurs des 24 heures de la bande dessinée et de l’animation était constituée d’une video de trois minutes  montrant diverses vues aériennes de nuages, accompagnée par ce texte : Ces images mouvantes sont plus qu’un paysage. C’est un rythme, une respiration, une couleur, une lumière, une texture perpétuellement changeante, une machine primitive, un état mental, une onde oscillatoire, une abstraction et un corps physique, une métaphore et un espace sensible, une émotion, et un simple phénomène météorologique... À cette contrainte très souple, l’auteur a ajouté ses propres contraintes : raconter une histoire uniquement avec du texte et des pictogrammes ready-mades. 
Ces pictogrammes sont utilisés tels quels, dans leur dimension strictement symbolique, dans la mesure où ils ne figurent pas littéralement l’action mais l’évoque métaphoriquement. C’est-à-dire que les personnages de pictogrammes n’ont pas été détournés et ré-articulés pour mettre en scène le récit, comme c’est le cas dans certains courts récits antérieurs ou dans certains films d’animation. 
Tout est récupéré pour illustrer l’action : enseignes, onomatopées célèbres, logos, publications et écrans en tout genre, etc. Les références ludiques sont multiples sans être gratuites eu égard à la narration : la bande dessinée (Hergé, Fred, Pratt, Tardi, Miller, Ware, Graton, le comics code, le manga, etc.), le cinéma, les émissions et les séries télévisées (24, Who wants to be a millionaire, CSI : Las vegas, Looney tunes, ...), le Pop Art (Lichstenstein, Warhol, Jasper Johns), la littérature (Le parrain, les pulps, le hard boiled, la Bible, Baudelaire), la musique... Cela se passe naturellement dans la ville des mots (et du péché) : Las Vegas. Cela devient finalement un exercice de graphisme, de mise en page, par la volonté d’aligner les blocs dans la page de façon cohérente et la tentative d’intégrer des caractères typographiques très hétérogènes et souvent Kitch. Il s’agit de spatialiser ces morceaux de typographie et ces symboles graphiques afin d’évoquer l’action. C’est le cas dans les cases d’enseignes lumineuses.  C’est aussi le cas dans la case où le héros brûle un document, Ou encore lorsqu’on glisse un mot sous une porte : on ne voit que l’inscription apparaître dans le bas d’une case noire, suggérant par cette position que le haut de la case figure la porte et y fait écho par sa forme-même.  Seconde contrainte, n’utiliser que 4 couleurs pures : noir, jaune, rouge et cyan. 

La contrainte des 24 heures a été intégrée de diverses manières : par la citation de Judy Garland qui ouvre le récit et le résume assez bien, eu égard au coup de théâtre final, par l’intégration d’un vers de Baudelaire,  par l’utilisation d’expressions françaises (écran de fumée, par exemple, métaphore transversale du récit) et par la météo qui jouera un rôle dramatique déterminant à la fin de ce récit qui se déroule en 24 heures.

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Fiche

Visuel
Année
2011