LES PROMESSES D’UN RÉCIT est un dispositif interactif qui mêle le livre et la vidéo comme média et comme porteurs de contenu, avec leurs codes propres. L’installation consiste en une d’une série de livres posés sur une table et consultable sous la lumière d’un projecteur. Lorsqu’on tourne les pages du livre, une vidéo projetée sur la double-
page change et entre en dialogue avec le contenu imprimé.

Le passage d’un médium à l’autre, avec des questions de lecture du texte et de l’image – quand ils sont imprimés ou projetés – m’a amené à vouloir confronter les deux physiquement, dans un dispositif concret, tangible et manipulable.

Les codes d’écriture et de lecture n’étant pas les mêmes; le rapport au livre semble instinctivement plus intime et solitaire tandis que celui que l’on entretient avec la vidéo peut paraître plus collectif du fait de ses modes et lieux de diffusion.

Et c’est ce rapport intime à l’objet, au récit ou à l’écriture en tant qu’acteur et lecteur qui me motive dans la réalisation et l’évolution de ce projet. Je parle de la solitude pour rappeler à travers l’objet-livre le rapport intime de soi à un sujet; se confronter intimement à une vidéo dans un cadre étroit et réel qu’est le papier, se confronter à l’autre dans un temps et un lieu; au travers des questions que je me pose sur la nature humaine.
En considérant le livre comme un médium duquel nous recevons des informations, mais sur lequel nous projetons aussi des pensées, je cherche à mettre à nu la sémantique croisée du livre et de la vidéo. Des vidéos projetées sur ces pages se renouvellent à mesure que le lecteur tourne les pages. Ce livre interactif (ou «numérique») sous sa forme la plus brute intègre et met en scène des images vidéos qui prennent corps dans l’espace de la page, en se superposant à d’autres images, à du texte, à des formes. L’immatérialité du numérique se confond avec l’objet physique manipulable, dans une volonté de transcender les contraintes de l’un et de l’autre. La lecture peut se faire à plusieurs, ne doit respecter aucune linéarité et c’est la manipulation de l’objet qui permet, à l’image d’un montage vidéo, de réunir tous les fragments de sens pour former un tout intelligible.
La conception du projet m’a inévitablement amené à penser les formes de narration via un dispositif contraignant ces deux médiums dans le sens où il ne s’agit ni d’un livre, ni d’un film mais d’un objet hybride.

Depuis 2017, je développe une collection de livres, composée d’ouvrages à thématiques variées mais toujours en lien avec les contraintes inhérentes au dispositif. Aujourd’hui, 7 livres ont été réalisés (et quelques 300 séquences vidéos pour les accompagner.)