Sur rien mes lèvres

Sur rien mes lèvres tente de marquer une certaine inadéquation de l’être au monde. Qu’il s’agisse de nous reconnaître une place qui ne soit pas usurpée, de prendre un départ qui ne soit pas une fuite devant la chosification de notre vie matérielle. De dire le corps en creux avide encore, la perte et sa douleur ou l’opacité de ce miroir désolé que nous tend l’autre sur notre absence à nous-mêmes. Inadaptés au lieu, inaptes à l’autre et séquestrés dans la parole qui est le bruissement de notre espèce. C’est aller nus dans le noir. Reste le poème. Pas le vent de ce qu’on voulait dire, mais la nécessité des failles que les mots maintiennent béantes et du silence auquel ils exhortent.

Voir aussi Le Carnet et les Instants, recension de R. Demaeseneer

Finaliste du Grand Prix de poésie 2022 de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique.

Fiche

Visuel
Images
Année
2021
Édition
Le Cormier
Distribution
Maison de la poésie d'Amay

Extrait

Cendre que tu es cendres

dans le gazon fondu

tu es cendre fondue

ton sourire tes yeux

qui pleuvaient jour à jour

 

qui répétaient le ciel

l’herbe plus verte ici

et récitaient là-bas

où c’était oh c’était

 

cendre que tu es cendre

tu coules en rigoles 

entre les pieds des gens

goutte à goutte passant

 

théorie rouge et bleue

et rose et blonde et brune 

étirée moi à moi 

qui pleuvent jour à jour

 

musique noire musique 

moire du terme échu

mélangée nuit à nuit

à ta cendre fondue

ton sourire tes yeux