Sur rien mes lèvres

Sur rien mes lèvres tente de marquer une certaine inadéquation de l’être au monde. Qu’il s’agisse de nous reconnaître une place qui ne soit pas usurpée, de prendre un départ qui ne soit pas une fuite devant la chosification de notre vie matérielle. De dire le corps en creux avide encore, la perte et sa douleur ou l’opacité de ce miroir désolé que nous tend l’autre sur notre absence à nous-mêmes. Inadaptés au lieu, inaptes à l’autre et séquestrés dans la parole qui est le bruissement de notre espèce. C’est aller nus dans le noir. Reste le poème. Pas le vent de ce qu’on voulait dire, mais la nécessité des failles que les mots maintiennent béantes et du silence auquel ils exhortent.

Voir aussi Le Carnet et les Instants, article de R. Demaeseneer

 

Fiche

Visuel
Images
Année
2021
Édition
Le Cormier
Distribution
Maison de la poésie d'Amay

Extrait

Mais pas sans toi

oh pas sans toi

 

elle ne sait pas

ce que c’est toi

 

elle ne sait pas

que tu es tout

 

que prendre l’un

c’est prendre l’autre

 

la mort ne sait

rien d’autre qu’elle

 

le soleil pend

seul sur la rue

 

tout est parti

le vent de ce

 

qu’on voulait dire

ton ombre aussi

 

la mienne traîne

encore un peu

 

mais pas sans toi

oh pas sans toi