C'est un escargot

Publié le  27.07.2013

Avant toute chose, il y avait le chaos. Une masse composée de tous les contraires.
Et après la séparation des éléments, l'homme naquit !
 
Des êtres humains se croisent, se rencontrent, se regardent ou sont regardés.
Des femmes aiment des hommes et des hommes aiment des femmes. En général. Avec quelques exceptions.

Les femmes s'occupent de beauté et des enfants. Ça reste la majorité même si ce n'est pas à la mode de le dire et encore moins de dire qu'on aime cela ! Il est bien de dire que l'on aime penser nous aussi, et certaines femmes aiment clamer qu'elles sont féministes. Elles organisent des réunions d'un nouveau genre. J'aime beaucoup l'expression « réunion nichons ». Il ne faut quand même pas se prendre trop au sérieux !

Les hommes continuent à se battre. En général. Avec bien entendu quelques exceptions. Parce qu'il y a toujours ceux qui reçoivent plus qu'ils ne donnent et puis ceux qui courent très vite.
Et les hommes auraient eux toujours pensé et parlé politique, économie mais aussi football …et dernière conquête ? Rien de certain sur le dernier sujet, je n'ai jamais eu l'occasion d'assister à ce genre de débat. Quoique !

On voudrait que les femmes s'occupent d'autres choses que de beauté et on aimerait que les hommes arrêtent de faire les coqs. Il est vrai. Mais cette généralité est un fait dont il faut tenir compte. L'exception ne sera pas ce qui m'anime aujourd'hui. Cela pourrait être le cas. Une autre fois. J'aime penser que nous sommes tous des exceptions mais ça allonge le débat.

Les femmes portent d'autres êtres humains dans leur corps et les hommes regardent l'être « sacré » qui met au monde. C'est comme cela que se construit la civilisation.
C'est une fille !
C'est un garçon !
Jamais, c'est un être humain ou il est vivant…
Nous sommes différents dès le départ.

Lorsque j'étais enceinte et qu'on me demandait si je savais quel était le sexe de mon bébé, j'adorais la réponse du papa aux quelques curieux qui s'aventuraient dans la question…
- Alors vous savez déjà ce que c'est ?
- Oui, un escargot !
Peut-être qu'aujourd'hui, avec le recul, je ne l'aurais pas demandé le sexe de mon enfant. Savoir que c'est un être vivant me suffirait, je pense.

Pour revenir à nos moutons. L'homme pourrait être jaloux du don de pouvoir porter ou déifier cette femme- mère, c'est selon. Alors que la femme, elle, n'a pas choisi d'être porteuse, elle doit apprendre à apprivoiser ce don de la nature. Ce corps bizarre qui se change à son insu.
Un sexe nous est donné et nous devons faire avec.
Nous ne savons pas pourquoi. C'est juste comme ça.
Le genre sera ce que l'on devient par la culture. Tout le monde connaît cette célèbre phrase de Simone de Beauvoir : « On ne naît pas femme, on le devient ».

La science pourra-t-elle un jour nous sortir de cette confrontation accentuée des genres ?
Les chercheurs devraient nous donner une formule, un système, un nouveau comprimé… qui remettrait tous les êtres humains au même diapason. Ce ne serait plus ni aux femmes, ni aux hommes de faire ceci ou cela suivant le genre. Nous serions tous des machines complètes avec toutes les options. Une full option pour tous.

Ne serait-il pas juste que les hommes puissent mettre au monde ?
Etre déformés à leur tour, souffrir de crampes au ventre tous les mois, avoir mal aux seins, se vider de leur sang. Etre engrossé ? Etre battu ? Injurié ? Harcelé ?
Subir l'excision ? Episiotomie ? Césarienne ? Ménopause ? Descente d'organes ? Chirurgie plastique ?
Parce qu'on sait bien qu'au fond ce qui est intéressant, bandant, jouissif ce n'est pas la femme mais le corps de la femme. Et bien plus encore depuis que cette fameuse pilule nous libère de la peur de devoir subir certaines responsabilités qui finalement durent bien longtemps par rapport à quelques heures (si tout va bien !) dans une nuit. Enfin, on n'est pas obligé d'attendre la nuit pour baiser non plus.
Tiens au fond, faites gaffe ! Savez-vous que de moins en moins de femmes prennent la pilule ? On compte ! Et oui pas le nombre de conquêtes, non, mais les jours du cycle. Pas du cycle lunaire non, pas ça non plus !
Ou certaines prennent leur température. Oui, vraiment. On y revient.

A chacun son tour, oui. A vous les hommes d'être regardés, placardés dans les cabines des camionneurs, sifflés dans la rue, lapidés, violés…

Et serait-ce à notre tour de jouir sur-dans  le corps des femmes ? Sur leur visage, dans leur bouche… Ejaculer précocement. Conduire de grosses voitures. Foutre un pain aux noirs, aux PD. Se faire éjecter d'une boîte et revenir avec un gros flingue. Regarder des films pornos, boire des bières debout à un comptoir après le boulot…
Liberté totale.

Lui-
« Arrête bon sang, c'est plus compliqué que ça ! Ce n'est pas juste les hommes comme ça et les femmes comme ça, tu n'en sortiras jamais ! Sors de ton nœud, tu me pompes avec tes clichés»

Elle-
« Ce ne sont pas des clichés. Ce sont des faits qui arrivent plus souvent dans ce sens-là même si je le sais, il y a des exceptions. Je veux la même liberté que toi. Une femme qui en a, on dit que c'est une carriériste ou une salope ou si elle en est arrivée là c'est que c'est une pute. Les hommes, ils ont des couilles et c'est bien qu'ils osent, qu'ils y arrivent…Ceux qui ont peur c'est des tapettes, pas des hommes. Toi aussi, tu en souffres de cette culture des genres exacerbés ! Non ?
Les femmes sont des sorcières. Elles ont le diable dans leur culotte. Ça toujours été comme ça. Même chez Shakespeare, la femme en prend plein la tronche depuis des lunes… Je ne veux plus être une esclave même si certaines femmes choisissent de l'être volontairement, il faut qu'on sorte de ce pouvoir masculin ! »

Tirésias perd la vue alors qu'il surprend Athéna se baignant nue…
Après tout si Athéna est surprise dans sa salle de bains comme ça sans avoir permis à Tirésias d'observer cette belle dame à la chasteté absolue, on ne peut qu'approuver !

Mais apparemment on n'est pas tout à fait d'accord sur la manière dont ce pauvre Tirésias est devenu aveugle…

Lors d'une promenade dans la forêt, il tombe nez à nez avec un couple de serpents qui copulent. Dégoûté, le pauvre Tirésias s'acharne sur le couple avec un bâton. C'est la femme qui est blessée. Il est aussitôt changé en femme.
Il connaît cette expérience pendant 7 années. Il séduira les hommes et fera le plus vieux métier du monde. Lors de la huitième année, il rencontre le même couple de serpents. Il trouble à nouveau leur accouplement mais cette fois, il blesse l'homme. Il retrouve aussitôt son sexe masculin. Et il séduit encore mais pour un autre genre.

C'est comme si son dégoût le rappelait à lui-même. Il devient ce qu'il ne veut pas voir.

Elle-
« On ne veut pas voir que je suis un homme parfois sous mes apparences de femme. Je peux te casser la gueule tu sais si tu me fais chier trop longtemps ! »

Un jour, Jupiter et Junon se prennent la tête sur un sujet qui fait toujours couler beaucoup d'encre. La preuve…
Qui prend donc le plus de plaisir ? L'homme ou la femme ?
« C'est évidemment l'homme » dit Junon.
« Absolument pas, c'est la femme » prétend Jupiter.
Qui mieux que Tirésias pouvait répondre à cette question ? Lui qui avait eu l'expérience de tout le genre humain.
Le voilà qui donne raison à Jupiter et Junon prise de colère le rend aveugle.

Mais qui a donc écrit cette histoire ? Ovide ? Avait-il lui aussi l'expérience des deux sexes ?
Et la cécité de Tirésias serait-elle une métaphore de sa non-lucidité sur le genre humain ?
N'y a-t-il pas une vie au-delà de la jouissance sexuelle?
L'homme donne et la femme reçoit. Sur une échelle de 10, la jouissance de l'homme serait à 1 et celle de la femme à 9. Voilà la réponse de Tirésias. Est-ce aussi simple à mesurer ? Et donner serait-il moins jouissif que de recevoir ?
L'homme aurait le don de donner la vie et la femme celui de recevoir.
De donner, pas de prendre !

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