En direct d'Avignon - Le billet du comité
Inès Rabadán est réalisatrice et scénariste. Présidente du comité belge de la SACD, elle fait partie de la délégation belge à Avignon. Elle nous livre ici ses impressions. En direct du festival d’Avignon pour Bela, voici l’écho du comité :
15h30, 35°, marcher une demi-heure sous le soleil, tenter d’obtenir des billets, attendre, faire la file, un bon quart d’heure, espérer des désistements. 16h15, ça marche, quelques places se sont libérées. Se mettre en route, marcher sous le soleil vers l’arrêt du bus. La file encore (pour entrer dans le bus), dommage qu’on n’ait plus d’eau. Le bus est climatisé mais pas frais, tout le monde ne peut pas s’asseoir. Le velours des sièges réchauffe l’atmosphère étroite, le trajet dure-t-il longtemps ? Oh non, une vingtaine de minutes! 20 minutes plus tard le bus déverse en effet un paquet de spectateurs qui se décollent les uns des autres dans l’air sec mais brûlant d’un parking. Une banlieue hors-saisons, un bâtiment qu’on dirait désaffecté – en réalité une patinoire, on regrette l’absence de glace, il fait 37°. On entre. Pénombre. On s’installe. Les éventails, les paupières et les coeurs battent en silence. L’attention est palpable. On distingue l’acteur, et le musicien. Riton Liebman va nous raconter son père, sa relation à son père. Rock et mélancolique, forcément politique, extrêmement émouvant. Le chemin que nous, spectateurs, avons parcouru jusqu’au lieu du spectacle, qui dans d’autres circonstances serait une punition, n’a été ici que prémisse au plaisir de partager ce moment forcément inouï, vibrant, et je ressens comme rarement, moi qui suis cinéaste, la force collective du spectacle vivant.