François

Publié le  29.06.2013

Je déteste les gens qui parlent trop, ceux qui ne parlent pas, n'osent pas donner leur avis, ceux qui disent qui font et qui ne font pas, ceux qui répètent la même chose que vous, ceux qui font comme X et qui disent qu'ils sont créatifs, ceux qui disent toujours oui oui, mmm mmm mais encore ? Les gens qui font semblant de vous écouter, qui reprennent votre discours pour parler d'eux-mêmes, ceux qui attisent les rumeurs, ceux qui vous répondent que c'est la loi, c'est comme ça ou c'est la vie. Les discours faussement engagés, les critiques qui font juste mal, les étiquettes impossible à décoller, les gens qui parlent fort pour qu'on les entende bien, les gens qui ne sont jamais grossiers, les gens qui aiment parler du malheur de leur voisin, ceux qui savent pertinemment que ce qu'ils disent est faux, ceux qui se taisent quand la locataire du dessous se fait taper dessus.

Et au milieu du bruit sourd ou du silence qui tue, il y a un corps qui flotte sur le canal.

Il n'y a plus rien à dire.

Les mots sont vidés, incohérents, touchants, incomplets.
Chacun fait comme il peut.
Certains parlent trop, certains se taisent, certains ont peut-être crié ou même hurlé.
D'autres se racontent déjà les souvenirs partagés, on retrace les derniers moments juste avant que tu ne disparaisses.

Prononcés ou tus, peu importe. Chacun fait avec ce qu'il est capable de supporter.

Je ne peux plus écrire ce billet sans penser que tu n'auras plus le droit de dire tes mots, ceux d'un auteur qui imagine des personnages qui parlent trop ou qui ne disent presque rien.

Je ne t'ai pas revu, plus parlé.
Le temps est passé.
C'est trop tard.
Aucune main tendue au-dessus du canal ce soir-là.

Depuis il y a des questions sans réponse, des exclamatives d'horreur et maintenant un point final.

Silence.

Ou un peu de musique s'il devient pesant.

Elle parlerait mieux que nous, dirait ce qu'on n'arrive pas à exprimer.
Les notes raconteraient l'histoire particulière de chaque rencontre.
On pourrait comprendre que peu importe ce que tu aimes, ce que tu veux, c'est possible aujourd'hui pour toi. Si tu aimes le soleil, transforme-toi en soleil, si tu aimes la tempête ou l'ouragan, tu peux aussi. Peu importe qui tu es, qui tu étais c'est bien. Tout est ok. Tout est possible, pour nous, tu es ok. Il y a une sirène quelque part dans l'eau si tu veux, elle t'emmène.

À découvrir aussi

Moment d’écoute

  • Fiction
Un appareil de radio, à côté d'une corbeille de fruits, perché sur le frigo, un peu poussiéreux de rester là-haut, qui indique l'heure, a donné vie à la cuisine de mon père pendant des années : je ven...

Comme un enfant dans le noir

  • Fiction
« Pas de psychologie, pas de mise en place, pas de répétition, pas d'axe lumière, pas de combo, oublier la notion de scène, etc.... ». Tandis qu'il explique sa façon de faire des films, voila qu'en qu...

Pulitzer, vous avez dit Pulitzer ?

  • Fiction
Que ce soit clair, je n'ai pas traduit le Pulitzer 2014, roman psychologique encensé par la presse et ses lecteurs, j'ai traduit "Le Chardonneret", thriller d'une dénommée Tartt dont je ne connaissais...

La dédicace 3

  • Fiction
Il me dit : « C'est un ancien compagnon de classe ! » « Compagnon ? » Je regarde son corps étroit, ses mains fines, presque osseuses, ses articulations délicates, puis ce sourire si terriblement fémin...