Gilda dentata : texte de Marine Forestier

Publié le  18.08.2022

La science-fiction cherche à explorer les conséquences sociales des progrès scientifiques et techniques en imaginant des futurs possibles, craints ou souhaités. C’est le lieu idéal pour placer l’être humain face à lui-même et le mettre en garde contre des dérives potentielles. Loin d’être un simple exercice d'imagination débridée, les interrogations qu’elle soulève contribuent aux débats et réflexions sur l’évolution du monde. La SF participe d'un exercice de prise de recul nécessaire.

Pour son feuilleton estival, Bela a commandé un texte inédit à des auteurices belges qui font de la science-fiction leur terrain de jeu. Dans leur travail de création, iels développent un point de vue critique sur leur époque en s’intéressant à des thématiques fondamentales d’aujourd’hui comme l’écologie, les catastrophes planétaires, le capitalisme, le féminisme, le colonialisme, etc. La poétesse, nouvelliste et romancière Marine Forestier poursuit cette série avec une nouvelle intitulée Gilda dentata. L’intérêt de l’autrice pour les dents ne date pas d’hier, elle a déjà écrit un recueil de poèmes sur le sujet. Pour Bela, elle a transformé le cabinet d'endodontie dans lequel elle travaille comme assistante dentaire en résidence d'écriture afin de s'approprier le vocabulaire technique de cette spécialité. L'acte médical devient une expérience sensible et esthétique où se mêlent suspense, exploration scientifique et protagoniste ténébreuse.

Bela + Été : des fictions plurielles pour des récits fantastiques.

La docteure Nour Laghmani passait une journée terriblement maussade. Au moins n’avait-elle pas attrapé le rhume carabiné de son assistant, resté chez lui tandis qu’elle assumait double charge et valises sous les yeux.

Son quatrième espresso (un par patient·e) fit effet au moment pile où la sonnerie à l’entrée rugissait sa trop familière stridence. Elle consulta brièvement le dossier : Mme Gilda Albescu, forte sensibilité au froid et au chaud à la dent treize, radiographie peu significative puisqu’aucune trace de carie, premier traitement canalaire.

Plus qu’à effectuer un tout petit soin, une seule racine. Dehors, la nuit commençait déjà à tomber sur cette fin d’après-midi hivernale, nimbant la rue des Maquereaux d’une lumière diffuse et grésillante en provenance des chiches lampadaires.

Au rez-de-chaussée, elle s’empressa d’accueillir Mme Albescu, raide sur le pas de la porte, visiblement mal à l’aise de se trouver là, comme la majorité des patient·es de Nour Laghmani. Elle était grande avec un physique imposant, chevelure d’ébène surmontant un corps plantureux et athlétique. La géante n’avait pas besoin de porter de talons pour dominer Nour de plusieurs têtes, qui lui sourit poliment en l’invitant à entrer.

Je suis la docteure Laghmani, enchantée. Suivez-moi, le cabinet est au premier étage.

Elle lui emboîta le pas docilement, jusqu’à gravir l’escalier grinçant sans piper mot.

— Vous pouvez laisser votre veste, votre écharpe et vos gants sur le portemanteau, vous laver les mains, et je vous attends dans la salle sur votre gauche, expliqua la docteure avec sa bonhommie usuelle un peu forcée.

Gilda Albescu obéit, se défaisant des couches d’habits fourrés qui avaient emmagasiné le froid du dehors. En dessous, elle était habillée sobrement, d’un tailleur aubergine tranchant sur sa peau blafarde. Celle-là tirant maladivement sur l’olivâtre, Nour se demanda si sa patiente ne souffrait pas du même virus que son assistant, une vague de rhinopharyngites sévères frappant la région depuis plusieurs semaines.  

Le Dr. Kolountzios me dit que vous êtes une pointure dans votre domaine, s’exprima-t-elle d’une voix rauque mais claire, juste arrondie par un léger accent, gommant tout soupçon de sinus engorgés. Cela est bienheureux, car c’est la première fois que je souffre de tels maux. J’ai une bonne constitution.

Il me flatte ! L’endodontie est une spécialité répétitive. On en connaît vite tous les secrets, répondit-elle en passant une main dans ses cheveux pour tenter de discipliner un frisottis récalcitrant.

Pour des questions d’hygiène, elle plaquait tous les matins ses courtes mèches crépues et grisonnantes en arrière, à grand renfort de laque, pinces et barrettes amies. Elle enfila une nouvelle paire de gants en latex blanc, étirant bruyamment le plastique comme une seconde peau sur ses phalanges rompues à l’exercice.

Elle fit ensuite enfiler à sa patiente une blouse jetable par-dessus son élégant tailleur, noua prestement une bavette en papier autour de son cou, avant de lui demander d’utiliser le bain de bouche dans un gobelet à sa disposition. Mme Albescu s’exécuta, aspirant puis crachant le liquide bleu et, comme les autres, son haleine prit des notes chimiques de menthe givrée. Tout le processus était une chorégraphie bien huilée, si bien que Nour Laghmani opérait souvent dans un état proche de l’hypnose.

Elle commanda depuis sa console au siège automatique de basculer en position allongée et inséra délicatement dans la bouche de la patiente un coton-tige préalablement trempé dans un gel anesthésiant Hurricaïne® Wild Cherry, le laissant reposer entre la gencive et la lèvre. À la menthe s’ajouta l’effluve de cerise caractéristique du produit. Mme Albescu n’avait ni laissé de trace sur le gobelet en carton, ni sur le coton-tige, pourtant ses lèvres pleines luisaient comme des pommes d’amour.

D’abord, un gel anesthésiant pour endormir en surface votre gencive, ainsi vous sentirez moins la piqûre, énonça Nour pour la quatrième fois de la journée.

La patiente eut un rictus amusé, la docteure mit cela sur le compte de la nervosité. Déjà, elle sortait la grosse seringue d’anesthésique, le piston métallique perçant la capsule de verre d’une simple pression de sa main. L’aiguille pénétra la gencive côté labial, elle appuya. À nouveau, côté palatin.

À partir de maintenant, je vais isoler la canine de telle sorte que les bactéries de la salive ne puissent pas contaminer l’intérieur de la dent. Je vais tendre une digue autour d’un crochet et d’un cadre. Ça prend de la place mais vous pourrez respirer normalement.

Nour joignit le geste à la parole munie d’une large pince, d’un carré de latex rose et du fameux crochet qu’elle vint placer autour de la numéro treize, enceignant si hermétiquement la dent que plus aucune goutte de salive ne viendrait s’immiscer. La digue tendue par les picots du cadre en plastique créait un parfait entonnoir souple couvrant nez et menton jusqu’à s’étrécir en bouche autour de l’impeccable quenotte. Sa surface adhérente lui faisait l’impression d’une langue de chat râpeuse.

Elle plaça le bras du microscope articulé au-dessus de l’ouvrage, la face rivée aux lunettes tandis qu’elle désinfectait machinalement la surface de la dent avec une boule d’ouate du bout de sa précelle, imbibée d’hypochlorite.

Vue de près, la canine de Mme Albescu prenait de singuliers reflets d’opale, une iridescence quasi translucide pour le moins inhabituelle, à l’allure saine cependant. En vérité, Nour Laghmani avait rarement vu dentition si parfaitement immaculée et vierge de toute tache, carie ou pansement dentaire. Si la dent n’était pas cariée, l’inflammation, comme souvent avec les dents de devant, devait alors être causée par une fissure invisible à la radiographie. Au microscope, elle devina la mince rainure barrant l’émail horizontalement, minuscule brèche pourtant suffisante pour que tout un microcosme salivaire s’y infiltre et sème la pagaille.

Nour s’empara d’une fraise stérile et la clipsa au contre-angle dédié d’une main, saisissant habilement le tube d’aspiration à canule large de l’autre. Elle commença à forer à l’arrière de la canine, jouant de la pédale, de l’outil vrombissant, du miroir et de la canule à tour de rôle. Elle dut appuyer rudement pour qu’un dérisoire trou de la taille d’un chas d’aiguille se dessine. La dentine avait la dureté d’une couronne en porcelaine. Une fois la chambre juste perforée, Nour alterna entre ses meilleurs forets transmétal et ses mèches meuleuses pour manger les bords du chas. Le pied gauche sur la pédale, les yeux au microscope et les mains outillées dans la bouche de la patiente, la magie de l’augmentation prosthétique opéra : puissance de faire fondre comme une motte de beurre ce petit roc de croc. Flaque sur flaque s’agglutinent sur latex rose – l’eau que projette le contre-angle pour refroidir la fraise – pis noient crasses et brou de dentine broyée. L’embout d’aspiration fait cuvette et supe la rosée. Les fragments à l’air de crêpes écrues s’effritent, s’amenuisent, se barattent, ainsi le cœur de la canine fond sous le heurt des fraises-butoirs. Merveille de vermillage, déblayer l’entrée des canaux en ébarbant toute la cavité, de plus en plus caverne aux parois polies. Architecture du tout-petit, la cave excavée se révèle, sa base canalaire est encore emplie de pulpe et de nerfs, dont il faudra évider le cône jusqu’à l’os.

Gilda Albescu gémit au harpon de l’opener. Nour Laghmani sortit de la vision de son petit chantier laiteux pour jeter un œil hors machine. Sa patiente grippait les bords du siège à en user le cuir robuste – quelle poigne ! Elle rinça l’intérieur de la dent avec de l’anesthésique, vidant la seringue jusqu’à sa dernière goutte amère. 

Ça va ?

Mmmh mmh…

Nour rinça la sciure de dentine à la seringue d’hypochlorite, aspira et reprit son forage jusqu’à dégager l’entrée de l’unique canal. Comme la radiographie le laissait présager, il était large et long. Si long que les classiques limes manuelles 25 mm ne seraient d’aucune utilité. Limes 31 mm, donc.

Sur les lèvres de Mme Albescu, Nour plaça délicatement les deux crochets métalliques qui joignaient le localisateur d’apex. Le petit moniteur lui indiquait la longueur de la racine à mesure qu’elle crochetait et curait, une lime après l’autre, à grand renfort de bips sonores. Là était le labeur : curetage minutieux de tout indice de pulpe au sein du long canal, de la chambre à l’apex, tout en mesurant la profondeur par report de la lime baguée sur la bague-réglette. La chair viciée ne saignait pas mais suppurait abondement. L’infection des tissus pulpaires était importante, Nour Laghmani devina que la canine se trouvait déjà quasi en état de nécrose.

Elle alterna ensuite entre les limes manuelles 31 mm et celles faites d’un alliage nickel-titane. Évider miette par miette l’intérieur de cette colossale racine prenait un temps fou et une dextérité experte. La minutie dont la docteure faisait preuve s’avéra payante, ainsi elle creusait un sinueux chemin en forme de cornet, délogeant chaque petit nerf de son habitat exigu. L’apex posa problème puisque même les limes 31 mm n’étaient pas suffisamment longues pour curer l’extrémité du canal ! Heureusement pour Nour, ou plutôt pour Mme Albescu, ce dernier était si anormalement large que la docteure pouvait y fourrer en sa base la partie bouchonnant la tige, c’est-à-dire carrément insérer le manche dans la dent en ne poussant plus que du bout des doigts, pour gagner quelques millimètres. Cette improvisation exalta Nour, qui mit tout son cœur à l’ouvrage. Elle dut vider plusieurs seringues d’EDTA dans le canal devenu vase, pour en dissoudre les minéraux faisant obstacle.

La ravine devint combe, un chantier qui dura une bonne heure. Nour suait franchement sous son masque de protection et laissait moites les lunettes du microscope. Mme Albescu conservait son allure de gisante sublime, peau diaphane, crinière lustrée, clavicule saillante. Pour clore sa besogne, littéralement, Nour Laghmani s’empara, avec sa précelle, de cônes de gutta-percha (sorte de caoutchouc rose bio-inerte) de différents diamètres dont elle vint farcir la canine. Pour combler un tel canal, il fallut en agglomérer un petit bouquet, poussé intégralement à l’intérieur de la dent.

Voilà, j’ai nettoyé la racine, je vais pouvoir obturer. Avant ça, je dois faire une radio de contrôle avec les cônes en place. Vous n’êtes pas enceinte ?

Gilda Albescu répondit par la négative, grommelant sous la digue.

Nour apposa sur la gorge de sa patiente un tour de cou lesté de plomb pour protéger sa thyroïde, avant de placer en bouche le petit film radio dans son emballage occultant, maintenu en place par un échafaudage mobile de plastique. Elle visa l’endroit précis de la mâchoire duquel elle voulait tirer une image, par-dessus la lèvre retroussée, en orientant le bras terminé d’un objectif cylindrique prêt à propulser ses rayons X. Nour s’écarta de l’appareil en l’actionnant d’une télécommande. Un long bip puis un court. Elle récupéra la radio en même temps qu’elle désencombra sa patiente. Elle en déchira le film plastique, puis alla dépiauter le reste de l’emballage (plastique opaque, papier et feuille de plomb en mille-feuille) dans une mini chambre noire à mains, boîte percée de deux ouvertures souples où s’enfoncer jusqu’aux poignets et qui contenait trois pots emplis respectivement d’un liquide révélateur, d’eau et d’un fixateur. Deux bains chimiques d’une minute trente, tremper dans l’eau entre chaque, ainsi obtenir l’image à échelle un de cette canine rentrant à peine dans le format de l’étroit film rectangulaire.

Le bouquet de cônes de gutta apparaissait sur la radio noire en longs filaments blancs, parfaitement rectilignes, emplissant parfaitement la racine de la treize. Nour approuva et retira un à un les cônes pour les réserver.

Après un énième rinçage à l’hypochlorite, Nour Laghmani entreprit de sécher le large canal, d’abord via l’aspiration à embout capillaire, à l’allure de trompe de papillon, puis au moyen de pointes de papier absorbantes, dont les tiges plantées successivement dans la dent épongèrent la moindre gouttelette de pus, d’hypochlorite, d’EDTA ou juste d’eau.

L’obturation pouvait commencer. La docteure sortit de leur emballage stérile les trois fouloirs métalliques dont elle aurait besoin, alluma le fer et pressa sur son plateau de travail une dose de ciment Sealapex de la taille d’une demi-noisette. C’était sa partie préférée ; une fois la dent enfin purgée et creuse, la re-remplir de ciment antiseptique et de caoutchouc fondu en tassant fort la pâte colmatée de la pointe du fouloir.

Je vais utiliser un ciment antiseptique qui est encore actif pendant une dizaine de jours. Si vous sentez quelque chose, levez la main. À ce stade-ci, parfois l’anesthésie est moins profonde et ça commence à se réveiller.

Gilda Albescu resta de marbre tandis que Nour Laghmani plongeait une pointe de papier dans le ciment puis dans la dent. Elle emplit l’apex d’abord, badigeonnant sommairement le fond, avant d’enfoncer le premier cône de gutta-percha, dont elle sectionna et fit fondre la pointe à l’aide du fer chaud, pic à 230° tamponnant la mixture bi-matiérée. Mme Albescu ne bronchait pas. Nour bourra du premier fouloir, chauffa à nouveau, pilonna du deuxième, s’assurant que le dense mélange emplissait la plus petite micro-aspérité de ce canal. Elle recommença avec un nouveau cône de gutta, sectionnant celui-ci de sorte à garnir la racine seulement jusqu’à la chambre de la canine.

Voilà. Maintenant je vais vous mettre un pansement provisoire pour reboucher la cavité. Il faudra obturer définitivement chez le Dr. Kolountzios sous deux mois. C’est un mastic qui met vingt minutes à durcir. Ne pas manger, ne pas mordre sur la dent pendant vingt minutes. Votre joue et votre lèvre sont encore endormies pendant une heure ou deux donc faites attention à ne pas vous blesser.

Satisfaite, Nour termina sa quatrième dévitalisation de la journée d’une torsion de spatule, appliquant méticuleusement une boulette de pâte Cavit dans la chambre béante jusqu’à recomposer une surface pleine et lisse. Le mastic jurait sur la canine rutilante.

Enfin, elle fit faire à Mme Albescu une dernière radio, une double cette-fois, pour vérifier que l’obturation ne présentait aucun creux, aucune bulle malencontreuse qui viendrait segmenter la racine. Nour Laghmani enverrait l’une des deux radiographies au Dr. Kolountzios accompagnée du rapport sur leur patiente commune et conserverait l’autre dans un dossier à son nom. Le résultat s’avéra impeccable, comme toujours.

Elle retira à Gilda Albescu l’ensemble digue-cadre-crochet d’un revers de pince, libérant la canine de son étau et la patiente de sa crispation mutique. Même à travers ses gants, Nour pouvait sentir que la peau de sa patiente était trop froide pour qu’elle aille bien.

C’est bon, c’est terminé. Vous n’aviez pas de carie mais une minuscule fissure. Malheureusement cela suffit à causer une infiltration et les bactéries qui vont avec. C’est comme un bâtiment qui se gorgerait d’humidité et de moisissure. Vous n’avez pas senti un crac récemment ? Mordu trop fort sur un noyau ou fait une chute ? Enquêta Nour d’un ton qui se voulait rassurant, tenant à renseigner ses patient·es sur le pourquoi des dégâts en bouche.

Peut-être… Je crois bien être tombée sur un os il y a peu, répondit Gilda Albescu d’une voix empâtée, faisant rouler sa mâchoire endolorie par la posture durant l’opération.

Ses lèvres semblaient toujours aussi vernissées de gloss, rougeoiement sexy que la docteure lui envia.

Merci beaucoup docteure. Ce que vous faites, c’est admirable, continua-t-elle avec une pointe de révérence dans la voix.

Nour ne put s’empêcher de rougir. Gilda Albescu était tout à la fois onctueuse et électrique, une fauve prédatrice prête à…

C’est décidé. Nous avons besoin de spécialistes de votre trempe dans nos rangs !

Vos rangs ? Aaaaaaaah…

Nour eut à peine le temps d’esquisser un mouvement de recul et de pousser un cri que Gilda se redressait comme un ressort sur son siège, lui empoignait la nuque et plantait brutalement ses dents, ses crocs vraiment, dans son cou. Le heurt fut si soudain, les numéros treize, vingt-trois, trente-trois et quarante-trois fichées de part et d’autre de la carotide, que la docteure ne ressentit qu’une vive douleur confuse, comme lorsque l’on se mord la langue en mangeant. La bavette qui couvrait la poitrine de l’élégante Mme Albescu se teinta de rouge, imbibant le papier jusqu’à couler sur la blouse protectrice par-dessus le tailleur aubergine.

Vacillante et sanguinolente, Nour Laghmani sentit son corps s’alourdir dans les bras fermes de Gilda Albescu, qui s’arrêta de boire à contrecœur pour planter son regard dilaté dans les yeux louchant de la docteure, déjà voilés par les conséquences d’un tel acte. Un frisson, une onde cuisante la parcourut pour devenir brûlure généralisée, le venin glacial débutant son office métamorphe. Ses cris se muèrent en de faibles gémissements fiévreux, halètement de chienne malade, bientôt louve.

La dernière pensée qui affleura l’esprit humain de Nour Laghmani fut celle-ci : sa patiente venait immanquablement de ruiner son pansement de pâte Cavit™.

À découvrir aussi

Brume de Dieu

  • Fiction
"Nous avons besoin de courage et de force pour passer par une période de dissonance. C'est par la peur de la dissonance et parce qu'on s'adapte au passé qu'on ne fait pas de progrès. Il ne faut pas s'...

Papa

  • Fiction
Mon père n'a pas connu ses petits-enfants. Il n'est pas sûr que je connaîtrai les miens. Lui et moi nous nous sommes reproduits un peu tard, à un demi-siècle de distance. Mon père avait de bonnes rais...

Muses - « Le fils »

  • Fiction
Toujours souriant, surgissant du temps, la fermeture du blouson relevée en visière, il était là, à l’heure dite, malgré les chiffres et malgré le vent. Les circonstances qui lui auraient fait manquer ...

Fakeland - Le billet du comité

  • Fiction
Stéphane Arcas est auteur, metteur en scène et scénographe. Membre du comité belge de la SACD, il fait partie de la délégation à Avignon. En exclusivité pour Bela, voici l’écho du Festival selon Arcas...