Je suis un enfant des bulles

Publié le  19.04.2013

J'ai grandi à travers les cases des bandes dessinées qui ont façonné mon imaginaire. De cette manière, j'ai ancré quelques certitudes qui ne m'ont plus quitté. Tintin est l'archétype du journaliste. Alix, le spécimen du Romain. Blake et Mortimer, les emblèmes élégants du flegme britannique. Gaston, l'incarnation de l'absurdité du travail de bureau. Astérix, l'expression de la résistance rigolarde. Mes parents étaient désespérés en me voyant plongé dans Spirou ou Tintin, craignant de me voir condamné à perpétuité à m'exprimer à l'aide d'onomatopées ou, pire encore, de reproduire les fautes d'orthographes glanées dans les anciennes éditions de Bob et Bobette.

Rien de tout ceci n'est arrivé (heureusement pour moi). Grâce à Alix, je me suis passionné pour le latin. Sur les traces du Mystère de la Grande Pyramide, j'ai étudié l'histoire de l'art et l'archéologie. Encouragé par Tintin, je suis devenu journaliste. Un peu comme si les héros de mon enfance avaient choisi de m'accompagner au fil de ma vie d'étudiant et plus tard, de professionnel.
Puis m'est apparue l'incroyable audace de raconter, moi aussi, des histoires. Tout naturellement, j'ai songé choisir la bande dessinée. Mais sans dessinateur ni éditeur, j'étais dans l'impasse. Un peu malgré moi, je me suis tourné vers le roman… et je m'y suis trouvé très bien. Quelques années plus tard, le démon des bulles m'a titillé et je suis revenu à mes premières amours en me replongeant dans le bain de la bande dessinée. Les deux modes de narration sont à la fois proches et très éloignés. D'un côté, la concision de l'image et de l'autre, le plaisir de la description. D'un côté le dialogue et l'exclusion quasi totale du texte descriptif. De l'autre, la coexistence des deux modes narratifs. Sans oublier le plaisir de la collaboration ou la liberté du solitaire.

J'ai récemment terminé mon premier roman graphique et je dois avouer que j'y ai puisé un grand bonheur. J'ai trouvé l'opportunité de mêler l'ivresse de l'espace - comme dans un roman - tout en partageant le processus narratif avec un dessinateur talentueux. Comme si mes deux passions pour la BD et le roman étaient réunies pour la première fois.

Je n'aime ni les étiquettes ni les exclusives et j'ai la faiblesse de croire que l'intérêt naît souvent de la diversité des expériences. Et puis, qu'il s'agisse des bulles ou des paragraphes, au bout du compte, seule l'histoire compte !

À découvrir aussi

Stéphanie Pécourt ou l'art du focus à l'étranger - Focus Hong Kong

  • Fiction
Dans le cadre du Focus consacré à la scène belge au Hong Kong Arts Centre (en collaboration avec Wallonie-Bruxelles Théâtre/Danse), Sylvia Botella nous envoie des billets-haïkus en direct (ou presque)...

Le Pape, Zwarte Piet et le Roi

  • Fiction
Ces derniers temps, j'ai appris à me méfier des vieux gentils, surtout ceux qui portent une longue robe. Ils écoutent vos confidences, secouent la tête avec compassion, vous comprennent et vous aiment...
  • Écrit
dessin d'un volcan

Brûler : BD d'Aurore Vegas

  • Fiction
Dans le cadre de la collaboration avec la newsletter "De proches en proches, vol. 11" de Voix De Femmes, Bela a commandé une bande dessinée à Aurore Vegas autour du mot-clé "brûler" qu'elle pouvait librement interpréter en 4 planches.

Paresseuse contrariée

  • Fiction
Une chambre à soi ce n'est pas assez, il faudrait l'espace des sphères où déambuler seule à ne rien faire, histoire de se reconstituer une virginité après les célébrations intensives de la nativité.