Le billet du Comité belge: retour sur le festival de la Rochelle

Publié le  20.09.2017

LA ROCHELLE : LES DEUX MONDES…

 

La Rochelle (anciennement Saint-Tropez) est sans doute le festival de fiction télévisuelle le plus couru en France : diffuseurs, producteurs, scénaristes et réalisateurs, vedettes et public anonyme s’y retrouvent chaque année.

On y croise les directrices de la fiction des chaines, comme Marie Guillaumond de TF1, Fanny Rondeau de France 2, Anne Holmès de France 3, Sylvie Coquart-Morel de la RTBF, les principaux producteurs belges et français, des comédiens souvent très populaires (Bruno Salomone, Hélène de Fougerolles, Marie Gillain, Patrick Ridremont, Clément Manuel, Ingrid Chauvin…)

Tout ce petit monde se retrouve dans l’espace réservé aux accrédités (les tentes du festival), et sur une petite terrasse, la brasserie des Dames, entourée de barrières Nadar où le sport principal consiste à enchaîner les rendez-vous (et les cafés).

Une terrasse accessible à tous, dans laquelle n’ose pourtant s’aventurer le grand public.

C’est là que je suis frappé par la séparation entre les deux mondes : ceux qui ont le badge, qui s’agitent et se la jouent… ceux qui ne l’ont pas, qui restent humblement à distance, à observer les soi-disant people.

Ces anonymes, massés au-delà des barrières… Interdits d’entrée dans les tentes où le champagne coule à flots… Relégués à l’entrée des salles, dans la queue qui n’aura accès à la projection qu’après les accrédités, si par chance il reste des places.

Qui sommes-nous pour être du bon côté de la barrière, dans la file qui passe en priorité, dans les soirées où tout est gratuit, dans les jurys qui décident de ce qui est bien… ?

Je ne peux pas m’empêcher de penser que c’est eux, les gens du « vrai monde », qui devraient être invités, badgés, abreuvés, VIPisés.

Eux, le public de la télévision, notre public ou plutôt ce qu’il en reste, puisque nous avons déjà perdu les plus jeunes : la moyenne d’âge est passée au-delà de cinquante ans, ceux qui sont restés vieilliront encore, au risque de mourir un jour…

Eux pour qui nous travaillons, en essayant de leur faire partager nos histoires… Eux aussi qui nous font vivre…

Pour combien de temps encore ?

Jean-Luc Goossens

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