Muses de Bela - Corine Jamar
Au départ, il y a l’envie de provoquer la rencontre. De voir comment les pratiques se répondent, ricochent, ou pas, font des grands écarts. En 2015, pendant la Foire du Livre, nous invitions des auteurs dans un salon aménagé sur notre stand. On leur a dit: soyez la muse l’un(e) de l’autre. On leur a dit aussi: on aimerait que vous parliez de votre métier d’auteur. On a ajouté: si vous nous envoyez un portrait après, ça nous intéresse – mais si vous préférez partir sur la fiction, l’illustration, la poésie,… allez-y. On leur a dit enfin: vous avez 48h pour nous envoyer votre création après la rencontre. Et les voilà:
Jeudi 26 février, nos muses étaient Thomas Lavachery et Corine Jamar. Pour les Muses de Bela, Thomas Lavachery a réalisé une illustration. Corine Jamar a écrit « Anima et Animus » :
Anima et Animus
Il s’appelle Thomas Lavachery. Il est grand, élancé, a les cheveux roux, le même roux qu’un des nombreux chats avec qui il a cohabité, et les yeux aussi bleus qu’un ara bleu derrière ses lunettes en écaille. Il porte un pull rayé mais les rayures ne sont pas noires comme chez le zèbre, elles sont rouges. Il aime les animaux, vous l’aurez compris. On ne porte pas impunément un nom de famille dans lequel se dissimule un des animaux les plus doux de nos campagnes, sans les aimer. Thomas a d’ailleurs écrit un livre de souvenirs, son titre : Itatinémaux, emprunté à sa sœur qui, petite, n’entendait pas. Une centaine de pages qui raconte la bonne vingtaine d’animaux qu’il a connus, avec qui il a vécu et dont il se souviendra toujours. La chèvre naine, par exemple, quand il sortait la promener, les gens l’abordaient : c’est quoi ça, comme race de chiens ? Il y a eu Puze-muse aussi, tiens c’est drôle, l’animation à laquelle nous participons et qu’organise BELA dans le cadre de la Foire du Livre s’intitule Muses (j’adore ça : les coïncidences, les signes, la présence discrète du hasard). Et puis ce chien qui porte un nom d’oiseau : Plume ! Comment en est-on venu à parler des animaux alors qu’on était parti sur qui, que, quoi, comment on écrit ? Je ne sais plus. Ah oui ! Je lui disais que moi, pour écrire mes romans, j’avais besoin, pour le coup, du plancher des vaches, voilà, c’est parti de là. Mes personnages à moi sont tous tirés de la vraie vie. Mes histoires aussi même si, bien sûr, comme un chien qui tire sur sa laisse pour aller explorer les fourrés, je me laisse entraîner un peu plus loin. Thomas, lui, son livre de souvenirs sur les animaux mis à part, c’est l’ailleurs qui l’inspire. Le décalage par rapport à la réalité quotidienne est géographique, temporel. Ah, l’inconnu, la découverte. Ce n’est pas un hasard si son grand-père, Henri, était explorateur ! Au fait, depuis le début de cette rencontre, je me demande où j’ai déjà vu Thomas, j’ai beau chercher, chercher… Et puis, après avoir bavardé comme des pies pendant une heure, ça m’est revenu ! On s’est vus pour la première fois, devinez où, dans une librairie, et cette librairie, je vous le donne en mille, s’appelle… La Licorne. Un animal qui n’existe pas. Quoique…