Notes à partir d'« Oncle Gourdin » (mon Avignon 2011 – jour 2)
- Malgré ma saillie ordurière d'hier consacrée à l'éloge de l'arrogance sauce Macaigne, il ne faudrait pas s'y méprendre : il y a arrogance et arrogance. Oui à celle qui stimule, qui exhorte, qui bouscule et qui pousse ; celle qui se contente de mépriser paresseusement me convainc infiniment moins
- la catégorie du mépris, qui ici prend la forme du ricanement constant, me semble peu productive. Aucun souci pour moi à se payer la tête de Claudel, de Vilar, de la danse contemporaine, de Pasolini ou d'Olivier Py, mais le ricanement n'est pas le refus ; il ne s'agit pas d'un positionnement « contre », il s'agit d'une posture, supérieure, qui permet d'avoir l'air sans s'affirmer
- la démarche parodique au théâtre me semble toujours périlleuse, foireuse, compliquée ; je n'ai pas d'exemple en tête de réussite réelle en la matière, j'en ai de nombreux d'essais peu concluants. Il m'est difficile de ne pas penser aux sketches télévisés des Inconnus au début des années 90 : toujours un peu poujadistes, un peu beaufs, un peu gras et faciles ; je n'aime pas la complicité née d'un refus de comprendre le lieu d'où parle l'autre ; je préfère l'attaque frontale ou l'empathie à ce trop commode entretien de l'ambiguïté
- dans les trois spectacles vus au In jusqu'à présent, l'usage sur scène du name dropping festivalier m'a paru révélateur d'une propension malheureuse du théâtre à se gargariser de lui-même : Di Fonzo Bo cite et moque Sophie Perez ; Macaigne cite et moque Binoche ; Perez fait jouer « Sur le pont d'Avignon » en amorce à son spectacle puis cite et moque tout ce qui bouge. Difficile de n'y voir qu'un positionnement artistique et pas avant tout une tendance au nombrilisme happy few auto-légitimante (taper rapidement sur Binoche depuis une scène du In, c'est avant tout rappeler qu'on joue dans la même catégorie qu'elle)
- le travail de plateau et la construction d'images scéniques me plaisent quand, dans une perspective similaire à celle d'un Philippe Quesne par exemple, ils déploient une esthétique et une rythmique aptes à dire ou à donner ce que le texte ne dira ou ne donnera jamais. Peut-être n'ai je simplement rien compris mais il ne m'a pas semblé un instant que c'était le cas dans « Oncle Gourdin ».
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« Oncle gourdin », de Sophie Perez et Xavier Boussiron, se joue encore au Gymnase du Lycée Mistral aujourd'hui à 15h.