Retour sur chronique (via Berlin)
Ce soir, en sortant du KVS où j'ai vu « Ich schau dir in die Augen gesellschaftlicher Verblendungszusammenhang! » de René Pollesch, avec l'ahurissant Fabian Hinrichs, je me dis que j'ai un peu rapidement exprimé mes critiques au sujet du spectacle de Fabrice Murgia vu hier (« Life : reset / Chronique d'une ville épuisée »).
Je me dis que ce qui compte plus que tout, c'est la rage, l'envie d'être là, sur le plateau, la niaque, la pulsion, la rythmique, la violence, et que c'est ce dont manque « Chronique… », et que c'est ce qui transpire du jeu de Fabian Hinrichs une heure trente durant .
Je me dis que ce qui importe, c'est la mise en avant de la contradiction qui nous pétrit, c'est de surprendre le spectateur en le plaçant face à des états / pensées / émotions / etc. / qu'il ne soupçonnait pas en lui.
Je me dis que le théâtre n'est pas, n'a pas vocation à être, perd tout son intérêt s'il est, le lieu de la démonstration. Face à « Life : reset / Chronique d'une ville épuisée », j'ai l'impression qu'on cherche à me démontrer par l'exemple que la société contemporaine produit de la solitude et du désespoir, ce que je sais déjà et qui, dès lors, ne me surprend pas. Face à « Ich schau dir in die Augen gesellschaftlicher Verblendungszusammenhang! » (« Je te regarde dans les yeux, lien d'éblouissement social! »), je suis bousculé, impressionné, perturbé. Le texte du dramaturge allemand a beau être ambitieux, conceptuel, compliqué, sa vision du plateau, sa dynamique pulsionnelle, contradictoire et ludique, m'emporte puis me violente puis me déplace, ce dont je lui suis reconnaissant.
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Linda, t'es où ?
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