Se Disperser

Publié le  11.04.2014

Une idée naît. Un matériau vient. Une feuille tombe. Un vélo passe. La radio éructe quelque chose d'insolite.
Un visage croisé nous éveille. Une situation vécue interpelle. Un matériau vient. Une idée naît.
Comment choisir ?
Comment choisir parmi cette profusion d'éléments de réel qui s'adressent à nous ?
Au départ, on sent plus qu'on ne sait. Mais ça ne suffit pas. Il va falloir accepter l'errance, les fausses pistes.
Et tout d'abord, soi-même, être dispersé.
Souvent, on voudrait être actif, utiliser, produire, faire des plans avec tous ces matériaux auxquels on est poreux. Mais rien, impossible. Il faut encore organiser leur rencontre. Et cela, seul le temps à travers nous peut le faire.
Donc, douloureusement, accepter la dispersion. Car on est jamais là où il faut, on ne fait jamais ce que l'on devrait faire. On voyage quand il faudrait travailler. On écrit quand il faudrait se documenter. On rêve quand il faudrait lire.
Puis un jour, malgré tout, des bribes s'accumulent, ça et là. On y revient, on y est porté. Un tri s'opère qui n'est guidé ni par la raison, ni par la science. Un tri porté par le doute.
Pourquoi choisir ?
Pourquoi choisir parmi cette profusion d'éléments de réel qui s'adressent à nous ?
On regarde les matériaux dans les yeux. On en abandonne certains. Les autres, on est prêt à les affronter. On s'engouffre dans un combat corps à corps qui consistera à les faire tenir tous ensemble. À leur donner forme.
Pour cela, au final, on se ramasse. On recroqueville l'énergie auparavant déployée tous azimuts, à gauche à droite. On rappelle le large et lourd filet de pêche qu'est notre sensibilité. Et l'on écrit.

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