Un mot qui ne veut rien dire 2
Après la leçon chinoise de la hongroise,
la leçon de botanique de Dominique
Smatch 2.
Je n’ai pas vu Smatch 1 (2009)
Je ne regrette pas d’avoir vu Smatch 2 (2011)
Mais je n’irai pas voir Smatch 3 (2013)
Non, je n’irai pas voir Smatch 3 si Dominique continue à nous faire la leçon, à nous citadins, qui nous obstinons, envers et contre tous les gaz d’échappement, à planter de petites pousses dans nos pots de terre sur nos terrasses en béton armé… Je n’irai pas voir Smatch 3 si Dominique continue à nous reproduire, par minidisque interposé, des conférences de savants incompréhensibles aux béotiens. Je n’irais pas voir Smatch 3 parce que je me fous bien de ce qui arrive à la forêt amazonienne ayant, comme tout le monde, une immense forêt mythologique éternelle dans mon petit poumon bien enfumé… Quoique !
Quoique le bouche à oreille, médium de promotion et de disgrâce naturelle, plus efficace qu’un billet online ou un article de presse, raconte que « le premier Smatch (1) était bien mieux que le second et que c’est pourquoi le troisième risque fort d’être meilleur ». Vox populi – vox reguli. Oufti.
Un coup sur deux, la troisième devrait être la bonne. Reprenons :
Je n’ai pas vu Smatch 1 (2009).
Je ne regrette pas d’avoir vu Smatch 2 (2011).
Et j’irai voir Smatch 3, si et seulement si, Dominique Roodthooft nous projette encore des images aussi fortes que dans Smatch 2. Alors, je risque bien d’en avoir pour mon argent.
Revenons sur trois moments qui m’ont touchés et me touchent encore à l’écriture de ce billet en différé.
(1) Le vieil homme et l’âne. (Film original)
Quand on n’a plus rien à se dire, un ange passe. Quant tout a été dit sans jamais avoir été entendu, c’est un âne qui passe. Tourne à droite puis à gauche dans les couloirs d’une résidence pour séniors. La caméra suit l’âne. Le bruit des sabots avalés par le tapi, il s’avance sans bruit jusqu’à la chambre d’un résident : troisième âge, première à droite, puis à gauche, au fond du couloir. Assis dans son fauteuil, bouche ouverte, l’homme ne bouge pas. La fenêtre est dans son dos : la lumière aussi. On dirait un ange mais ce n’est qu’un homme au troisième âge assis dans son fauteuil près de la fenêtre. L’âne passe. L’homme regarde sans voir. L’âne voit l’homme qui sent l’âne. La caméra s’approche. Plan serré sur le visage de l’homme, la main de l’homme, la tête de l’âne pour qu’entre l’homme et l’âne commence le chant silencieux fait du souffle de leurs vies qui se parlent sans mots dire. L’un aspire l’autre qui l’avale.
(2) La lyre et la tronçonneuse. (Vidéo Youtube)
« Logeant dans les sous-bois denses et humides des côtes Est de l’Australie, les Ménures sont de magnifiques oiseaux arborant 16 somptueuses plumes sur leur queue, qui leur ont valu le surnom d’oiseaux-lyre. Ce n’est pourtant pas ce qui fait d’eux des êtres tout à fait uniques en leur genre : les oiseaux-lyre sont capables d’imiter quasi à la perfection les chants d’autres oiseaux, les cris d’autres espèces, et même les sons artificiels tels que celui d’un appareil photo, d’une alarme ou encore d’une tronçonneuse… Il faut l’entendre pour le croire ! »
On regarde la vidéo Youtube, comme chez soi sur un ordi géant. Sauf qu’on n’a pas la possibilité de continuer la recherche ou la discussion sur un forum… « Bonjour, J’ai trouvé sur youtube, 2 vidéos d’un oiseau que j’avais vu dans un reportage à la télé. Il sait imiter tout les bruits. La première vidéo c’est l’extrait du reportage, appareil photo, tronçonneuse et bruit de scie à la fin, c’est déjà étonnant. Mais la 2ème vidéo, est-ce possible? Merci Fred007 » « La tronçonneuse… C’est sûr que ce n’est pas vraisemblable mais on peut douter.Ceux qui ont enregistré ces vidéos ne sont pas très malins.Faire croire que l’oiseau lyre chante comme dans un opéra est tout à fait absurde.Et puis,j’ai remarqué que lorsque l’oiseau lyre fait le bruit de la tronçonneuse,ils n’ont pas filmé le bec donc ça a sûrement été rajouté.Voilà,je n’ai pas de réponse plus claire… tb-du-91» Alors, il nous reste plus qu’à s’émerveiller de la splendeur de la nature et de la force de destruction de l’homme. À pleurer sur l’absurde naïveté de cet oiseau imitant pour plaire à sa brune le bruit de la tronçonneuse qui viendra bientôt détruire leur nid d’amour…
(3) Le baiser du ver de terre (En live, sur le plateau)
Gros plan sur des mains de femme qui plongent dans un compost et en sortent un tout petit ver de terre bien fatigué d’avoir tant agité, bouleversé, déplacé, secoué, soulevé, bossé, potassé, sué, turbiné… la terre pendant le spectacle. Elle le dépose sur son index, approche ses jolies lèvres et lui donne un baiser. Ce baiser-là étant bien plus parlant de simplicité et de force que tous ces mots qui ne veulent rien dire comme « Smatch ». Avec ce doux baiser, on semble réentendre la petite comptine chantée plutôt dans la soirée composée /performance : « Être un ver de terre qu’est-ce que ça doit être chouette. » Ouais, très chouette.
Allons, vite Smatch 3 !